Des groupes nationalistes demandent aux Québécois de boycotter la Banque nationale du Canada en raison de ses politiques linguistiques.

Mario Beaulieu, président de la Société Saint-Jean-Baptiste et du Mouvement Québec Français, reproche à l'institution d'avoir délaissé le français dans ses bureaux et de ne pas avoir mis en place des mesures adéquates pour remédier au problème.

«L'anglais est pratiquement devenu la principale langue de travail à la Banque nationale», a-t-il déploré en entrevue avec La Presse Canadienne. «La banque a engagé un haut dirigeant qui, lui, a embauché des subalternes unilingues anglophones qui ont imposé l'anglais dans tout le secteur de l'information.»

M. Beaulieu affirme qu'il s'attend à beaucoup plus de la part de cette institution, qui bénéficie de l'appui des Québécois depuis sa fondation à Montréal en 1859.

«Les institutions québécoises doivent montrer l'exemple et faire figure de chefs de file en ce qui concerne l'utilisation du français dans le milieu de travail», a-t-il soutenu. «Si elles s'anglicisent et ne respectent pas les Québécois, alors il faut qu'elles arrêtent de les prendre pour acquis.»

La Société Saint-Jean-Baptiste et le Mouvement Québec Français invitent donc les clients de la Banque nationale à transférer leur hypothèque, à fermer leur compte et à annuler leur carte de crédit ou à cesser de l'utiliser afin de faire pression sur l'institution pour qu'elle redonne sa place à la langue de Molière.

Toutefois, selon Claude Breton, directeur principal des Affaires publiques à la Banque nationale, la situation du français au sein de l'institution est loin d'être aussi dramatique que le laissent entendre les deux organisations.

«Au Québec, 98 pour cent de nos dirigeants parlent français couramment» a-t-il assuré lors d'une entrevue à La Presse Canadienne.

«Dans la quasi-totalité des équipes, c'est même 100 pour cent des dirigeants qui communiquent en français avec leurs subalternes. C'est donc nettement exagéré de prétendre qu'il y a un problème de langue à la Banque nationale.»

M. Breton rappelle que l'institution a reconnu le mois dernier qu'elle devait effectuer quelques ajustements, notamment en ce qui a trait à deux dirigeants qui ne connaissent pas suffisamment le français et à qui la direction a demandé de prendre des cours.

«Nous avons des enjeux linguistiques dans quelques équipes très bien identifiées et nous avons annoncé le 28 novembre une série de mesures visant à régler ces problèmes», a-t-il expliqué. «Ces mesures ont été implantées ou sont en cours d'implantation et les choses ont déjà commencé à changer.»

De son côté, Yves-Thomas Dorval, le président du Conseil du patronat du Québec, considère que le moyen utilisé par la Société Saint-Jean-Baptiste et le Mouvement Québec Français est trop drastique pour le type de cause qu'ils défendent.

«Un appel au boycott, c'est une mesure extrêmement nuisible à toute entreprise et il faut avoir des raisons très importantes pour y recourir», a-t-il indiqué à La Presse Canadienne. «Dans le cas présent, c'est une démarche inacceptable pour le genre de motifs en question.»

Le boycott n'est toutefois pas la seule chose que les deux groupes entendent faire pour exercer de la pression sur la Banque nationale et son président, Louis Vachon.

«On va entreprendre une série d'actions qui vont se poursuivre jusqu'à ce que M. Vachon et la Banque nationale prennent des mesures beaucoup plus fortes et qu'on soit sûrs qu'ils vont vraiment faire du français leur langue de travail», a révélé M. Beaulieu.

Les banques ne sont pas soumises à la loi 101.