Un groupe de défense des accidentés du travail et les syndicats représentant les employés des secteurs public et parapublic critiquent le projet de réforme du régime de santé et sécurité du travail.

«On partage le constat que la Loi sur la santé et sécurité du travail et la Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles ont toutes deux mal vieilli. On est d'accord pour qu'il y ait des changements, mais on semble vouloir faire des changements dans le seul but d'accommoder les patrons», déplore Roch Lafrance, conseiller à l'Union des travailleurs accidentés du travail de Montréal, un groupe venant en aide à 500 accidentés du travail par année.

Hier, Le Devoir rapportait que la ministre du Travail, Lise Thériault, s'apprêtait à déposer un projet de loi visant, entre autres, à resserrer le programme de retrait préventif des femmes enceintes. Les modifications iraient dans le sens des recommandations adoptées par le conseil d'administration de la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST), rendues publiques dans un document que la CSST a publié le 22 septembre dernier. Les grandes centrales syndicales, FTQ et CSN, et les associations patronales siègent au CA de la CSST.

Outre les limites proposées au retrait préventif de la travailleuse enceinte, le Secrétariat intersyndical des services publics, qui regroupe des syndicats qui ne siègent pas au conseil d'administration de la CSST, s'oppose à l'abandon du représentant local en prévention, une mesure présente dans la loi d'origine de 1979, mais mise en vigueur dans l'industrie lourde uniquement. Le Secrétariat regroupe notamment la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), le Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ) et par le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ).

Les personnes qui critiquent la réforme rejettent aussi l'idée d'imposer un plafond aux remboursements de traitements de physiothérapie, d'ergothérapie, d'acupuncture et de chiropractie, comme le prévoit le document de la CSST. Une idée qui reçoit en revanche l'aval du patronat.

«On a vu des cas ayant reçu 160 traitements. Il y en a qui ont eu jusqu'à 400 traitements, alors que la littérature médicale explique très bien qu'après 20 ou 30 traitements, il n'y a plus d'effet», dit Carmel Laflamme, vice-présidente, Santé et sécurité du travail, au Conseil du patronat du Québec.

«J'en ai des travailleurs invalides qui ont besoin de traitements pour le restant de leurs jours. On va leur dire à l'avenir que tu as droit à 1000$ pour la vie», s'indigne pour sa part M. Lafrance.

Cette mesure ainsi que d'autres, prévues dans le document de la CSST, visent à faciliter la réintégration au travail des travailleurs accidentés. «Ce projet de réforme est en lien direct avec l'état d'avancement des connaissances. Ça a beaucoup de sens», juge pour sa part Manon Truchon, professeure au département des relations industrielles à l'Université Laval et spécialiste en prévention de l'incapacité du travailleur.

Le nombre de décès au travail a chuté de 65% depuis 20 ans au Québec et le nombre de lésions professionnelles a baissé de près de 36% en 10 ans.

Les frais du régime de santé et sécurité du travail, qui couvre 3,6 millions de travailleurs, sont assumés en totalité par les employeurs.