Sacré Warren Buffet! Il pourrait se contenter d'être riche, mais il a décidé de faire campagne pour que les nantis comme lui paient plus d'impôt et contribuent à réduire la dette des États-Unis.

De ce côté-ci de la frontière, particulièrement au Québec, personne ne s'est encore levé pour réclamer de payer plus d'impôt. Et pour cause. Les Québécois sont les contribuables les plus taxés en Amérique du Nord et à moins d'être masochistes, il ne viendrait à l'esprit de personne d'en redemander.

Ici comme aux États-Unis, pourtant, la perception que les riches ne paient pas leur juste part d'impôt est bien ancrée, et pas seulement chez les indignés qui occupent le Square Victoria.

Lourdement endetté, aux prises avec une population vieillissante, le Québec pourrait-il puiser plus dans les poches des riches pour améliorer sa situation financière? Une taxe Buffet est-elle une avenue possible?

Ceux qu'on définit généralement comme riches sont fort peu nombreux au Québec, du moins selon les statistiques. Les quelque 2450 personnes qui ont déclaré l'an dernier un revenu total d'un million de dollars et plus représentent à peine 1% des contribuables québécois.

Les statistiques ne disent toutefois pas tout. Les riches ne sont pas tous égaux devant le fisc. Un agriculteur qui déclare des revenus de 50 000$ par année, par exemple, est millionnaire si on considère la valeur de sa ferme.

Ceux qui ont des revenus d'emplois réguliers n'échappent pas au taux marginal le plus élevé, qui est de 24% au Québec et de 29% à Ottawa, pour un taux combiné de 48,2%. Ceux qui ont des entreprises peuvent se verser des dividendes plutôt qu'un salaire, ce qui leur permet d'être imposés à un taux beaucoup plus bas.

Il y a aussi les riches qui réussissent à mettre leurs revenus à l'abri de l'impôt avec l'aide de fiscalistes et de pratiques comptables sophistiquées. Et il y a, enfin, ceux qui parviennent aux mêmes fins grâce au travail au noir et à d'autres moyens illégaux.

Toutes catégories confondues, les riches ne représentent qu'une petite partie de la population. Aux États-Unis comme au Québec, ils représentent moins de 1% de l'ensemble des contribuables. Les gains pour l'État sont donc limités. Toute hausse d'impôt a aussi des effets négatifs sur l'économie. Les plus riches sont ceux qui investissent et créent des emplois, font valoir ceux qui sont contre l'augmentation des impôts.

Faire payer les riches ou les épargner, c'est un débat vieux comme le monde. Mais il réserve parfois des surprises. Warren Buffet a maintenant l'appui de la majorité des riches américains. Un sondage publié cette semaine dans le Wall Street Journal révèle que 68% des Américains dont la fortune est de 1 million et plus sont favorables à une augmentation des impôts des millionnaires.