Imposer aux riches du Québec une taxe Buffet, comme le président Obama voudrait le faire aux États-Unis pour réduire la dette, ferait plus de mal que de bien à l'économie québécoise. Luc Godbout, chercheur à la Chaire en fiscalité et en finances publiques de l'Université de Sherbrooke, a fait l'exercice. «Le nombre de riches au Québec n'est pas assez élevé, en a-t-il conclu. L'abus d'une source aussi rentable que l'impôt sur le revenu pourrait la tarir définitivement.»

Le professeur a voulu savoir quel serait l'effet sur le fardeau fiscal des mieux nantis si le gouvernement du Québec allait chercher là le milliard qui lui manque pour équilibrer son budget.

Il n'a pas été trop difficile en fixant le seuil de la richesse à 150 000$ et plus. Un peu plus de 70 000 contribuables québécois entrent dans cette catégorie de revenus.

Pour aller chercher 1 milliard de revenus supplémentaires dans ces goussets bien garnis, il faudrait ajouter un palier à la table d'impôt qui en compte trois. Le dernier échelon est actuellement de 24% et il s'applique aux revenus de 78 120$ et plus.

Le palier supplémentaire pour aller chercher 1 milliard devrait être fixé à 37%, a calculé Luc Godbout. À ce taux, le fardeau fiscal combiné des contribuables québécois gagnant 150 000$ et plus passerait de 48,2% à 61,2%!

Quand plus de la moitié de nos revenus sont accaparés par le fisc, ça ne vaut plus la peine de travailler. «Il faut se rendre à l'évidence, on n'a pas suffisamment de riches au Québec», dit le spécialiste en fiscalité.

Ceux considérés comme riches, qui représentent 1% des contribuables, paient 18% de l'impôt prélevé au Québec. Les plus pauvres, c'est-à-dire ceux dont les revenus sont inférieurs à 30 000$, paient 7% de l'impôt total mais représentent 59% des contribuables. Entre les deux, ceux qui gagnent entre 30 000$ et 150 000$, supportent le fardeau le plus lourd. Ils comptent pour 40% des contribuables et paient 75% des impôts.

Riches moins riches

Les riches ne sont pas seulement peu nombreux, ils sont aussi moins riches qu'aux Etats-Unis. «Les riches américains sont souvent des présidents d'entreprises inscrites en Bourse, qui gagnent des dizaines de millions par année, souligne Luc Godbout. Le Québec en a quelques-uns, mais ses riches sont surtout des médecins et autres membres de professions libérales».Luc Godbout n'est pas le seul à le dire, le Québec a atteint la limite de ce qu'il peut imposer à ses contribuables. Les Québécois sont ceux qui supportent le fardeau le plus lourd au Canada et dans tous les pays du G-7.

Parmi les 30 pays de l'OCDE, seulement trois pays imposent un poids fiscal plus lourd à leurs contribuables: le Danemark, la Suède et la Nouvelle-Zélande.

À l'inverse, les États-Unis sont tout bas de la liste des pays de l'OCDE, grâce aux baisses d'impôt consenties par les gouvernements de Ronald Reagan et de Georges Bush.

Le poids des taxes et impôts perçus aux États-Unis représente 24% du PIB, le taux le plus bas depuis les années 1960. Au Québec, le poids fiscal équivaut à 38,7% du PIB et au Canada, c'est 32,5%.

Warren Buffet au rapport (2010)

Revenu total: 62 855 038$US

Revenu imposable: 39 814 784$US

Impôt payé: 6 938 744$US

Taux d'imposition: 17,4%