La Caisse de dépôt et placement n'est «pas une île», a rappelé vendredi le premier ministre Jean Charest, en refusant toutefois de se prononcer sur d'éventuelles pertes financières qui pourraient une fois de plus trouer le «bas de laine» des Québécois.

En mission à Barcelone, en Espagne, M. Charest a soutenu que la Caisse n'était pas sur «une planète» déconnectée «de la réalité économique que nous vivons partout».

Le rôle de l'institution dirigée par Michael Sabia, a-t-il insisté, «c'est de faire le mieux possible dans le contexte économique qui vaut pour tout le monde».

Au cours des six premiers mois de l'année, la Caisse de dépôt a affiché un rendement de 3,6 pour cent, soit 0,1 point de moins que le «portefeuille de référence» auquel elle se compare. Face à la déroute des marchés - l'indice phare de la Bourse de Toronto a perdu 11,5 pour cent de sa valeur depuis le début juillet -, elle s'est placée en mode «défensif» en vendant des actions.

De son côté, le ministre des Finances, Raymond Bachand, s'est voulu rassurant en vantant la compétence de la direction de Michael Sabia. «La Caisse de dépôt, depuis la nouvelle direction qu'on a mise en place, est un des meilleurs gestionnaires au Canada», a-t-il dit en marge d'une conférence de presse, à Montréal, portant sur un autre sujet.

Il a fait valoir que les gestionnaires doivent composer avec la situation économique plus globale. «Ils doivent gérer avec la chute dramatique des marchés boursiers», a-t-il rappelé.

Le ministre des Finances invite donc à «ne pas juger ça à la journée» et à attendre au moins la fin du semestre.

Jeudi, en se basant sur un calcul rapide, le député péquiste Nicolas Marceau a prédit que la Caisse se dirigeait vers des pertes nettes de 11 milliards $ pour l'année 2011. Selon lui, l'institution n'a pas tiré les leçons de la crise financière de 2008, année au cours de laquelle elle a essuyé des pertes de 40 milliards $.

Ironiquement, en date du 30 juin, l'actif net de la Caisse avait tout juste dépassé, pour la première fois, son niveau d'avant la crise. Il s'élevait alors à 157,9 milliards $, soit 2,5 milliards $ de plus qu'à la fin de 2007.