Le ministre des Finances, Raymond Bachand, croit bien peu probable qu'une révolte populaire fasse dérailler la future taxe de vente harmonisée (TVH), comme cela a été le cas en Colombie-Britannique.

«Au Québec, le jour où je signe ce document-là (officialisant l'harmonisation), il n'y a rien qui change dans les prix pour le consommateur», a déclaré M. Bachand en point de presse à Montréal, lundi, après avoir participé au lancement de l'Institut de la finance structurée et des instruments dérivés.

En Ontario et en Colombie-Britannique, les prix ont bondi sur certains produits et services, comme les coupes de cheveux, les honoraires juridiques, les billets d'avion et le combustible de chauffage, qui n'étaient pas assujettis à la taxe provinciale avant l'harmonisation.

Il en sera autrement au Québec parce que les produits et services visés par la TPS et la TVQ sont sensiblement les mêmes depuis l'entrée en vigueur de la taxe fédérale, en 1991, a expliqué le ministre.

Il y a dix jours, celui-ci avait assuré que des articles comme les livres et les produits pour bébés, qui sont taxables en vertu de la TPS, continueront d'être exemptés de la portion québécoise de la future TVH.

Les seuls changements découlant de la taxe harmonisée toucheront les grandes entreprises et les institutions financières, a indiqué Raymond Bachand lundi, sans donner plus de détails.

M. Bachand a précisé que Québec et Ottawa visaient toujours le 30 septembre au plus tard pour en arriver à un accord sur l'harmonisation de la TVQ et de la TPS, soit vendredi.

«Ça rédige, ça rédige. On reste sur le même échéancier», a-t-il affirmé.

Le gouvernement de Jean Charest s'attend à recevoir un chèque de 2,2 milliards $ d'Ottawa pour l'harmonisation. Il est déjà acquis que Québec, qui gère la TPS depuis 1991, fera de même pour la future TVH.

En Colombie-Britannique, le mécontentement a été si vif dans la foulée de l'entrée en vigueur de la TVH que le mois dernier, les électeurs ont voté dans une proportion de 55 pour cent pour abolir la mesure honnie. La province devra du même coup rembourser à Ottawa l'indemnité de 1,6 milliard $ qu'elle avait reçue dans le cadre de l'harmonisation.

Ralentissement économique

Le ministre Bachand n'a par ailleurs pas exclu, lundi, de présenter de nouvelles mesures de stimulation économique compte tenu du ralentissement enregistré depuis quelques mois.

«Nous serons prêts à faire quelque chose si le besoin se fait sentir, mais ce n'est pas encore le moment», a-t-il indiqué.

La semaine dernière, on a appris que le produit intérieur brut (PIB) du Québec a reculé de 0,8 pour cent au deuxième trimestre par rapport à la même période de l'an dernier. C'est une baisse deux fois plus importante que celle enregistrée dans l'ensemble du Canada.

M. Bachand s'est montré surpris du recul du PIB, disant ne pas avoir constaté de baisse notable des revenus gouvernementaux au deuxième trimestre. Il a évoqué la possibilité que les chiffres du PIB soient révisés à la hausse au cours des prochaines semaines.

Quant au nouvel Institut de la finance structurée, Québec y injectera 1 million $ sur 10 ans et l'Autorité des marchés financiers, 5 millions $. En plus de l'héberger, HEC Montréal financera l'organisme à hauteur de 9 millions $ pendant la même période.

L'Institut étudiera des produits financiers complexes, dont certains s'apparentent à ceux qui ont précipité le monde en crise financière, en 2008.

«Les produits dérivés existent et répondent à un besoin essentiel sur les marchés financiers», a insisté Raymond Bachand. Selon lui, le danger des dérivés réside surtout dans le mauvais usage qu'on peut en faire.

Montréal joue un rôle important dans ce secteur de pointe, grâce notamment à sa Bourse, spécialisée dans les produits dérivés depuis 1999.