Critiquée pour s'être désintéressée du Québec au fil des ans, la Caisse de dépôt et placement nomme discrètement, depuis deux semaines, des responsables régionaux dans ses équipes d'investissements et de prêts.

Depuis le 12 septembre, la Caisse a dévoilé les noms des responsables de l'Abitibi-Témiscamingue, du SaguenayLac-Saint-Jean, de l'Outaouais, de la Côte-Nord et de la Montérégie, entre autres. La Mauricie, l'Estrie et les Laurentides sont encore à venir. Les annonces se font à la pièce dans les régions concernées. Au terme du processus, sept directeurs de la Caisse agiront dorénavant comme représentants de 15 régions.

Il s'agit en quelque sorte d'un retour en région pour l'institution québécoise. Jusqu'en 2002, elle disposait d'un réseau de plus d'une dizaine de bureaux régionaux par le truchement de sa filiale Accès-Capital.

En Abitibi, la presse locale a toutefois souligné le fait que le responsable régional travaillera à partir de Montréal. Tous les représentants régionaux auront leurs bureaux soit à Montréal, soit à Québec.

«Il est important pour nous de maintenir des échanges soutenus avec toutes les régions du Québec afin de pleinement capter les occasions intéressantes d'investissement qui se présentent», dit Normand Provost, premier vice-président, Placements privés et chef des Opérations, de la Caisse, dans les communiqués publiés à ces occasions.

«On a tout à gagner, autant nous que les entreprises, à faire connaître l'offre de la Caisse au Québec auprès des entreprises», précise Maxime Chagnon, porte-parole, qui assure que l'initiative ne vise pas à faire taire les critiques dont est l'objet la Caisse.

La Caisse s'est fait reprocher récemment d'appuyer un investissement de la forestière Kruger à Memphis, au Tennessee. Kruger a longtemps hésité entre ses usines de Crabtree, près de Joliette, et de Memphis pour investir. La décision de la Caisse de prêter 211 millions US à Kruger aux États-Unis a été très mal reçue au Québec, en particulier dans Lanaudière. La chef de l'opposition officielle, Pauline Marois, a même dit que la Caisse «a perdu son âme». La politicienne croit que le mandat de la Caisse doit être revu pour privilégier le développement économique au Québec et la création d'emplois ici.

De son côté, François Legault, que les sondages placent en tête dans les intentions de vote des Québécois même s'il n'est chef d'aucun parti pour le moment, répète que la Caisse n'investit pas assez au Québec. Il souhaite que l'institution prenne des participations dans les projets miniers dans le cadre du plan Nord. En juin, il déplorait que seulement 11% de ses placements soient investis dans les entreprises privées du Québec. Il propose de consacrer un fonds de 5 milliards au développement des ressources naturelles, lequel serait géré par la Caisse.

Fonds de 600 millions

Pour sa part, la Caisse affirme avoir toujours le Québec en tête. Elle rétorque qu'environ 30% de ses investissements privés sont faits au Québec. L'investisseur institutionnel détenait aussi 22,8 milliards d'obligations d'émetteurs se trouvant aux quatre coins de la province au 31 décembre 2010. La Caisse a créé un fonds de 600 millions avec Capital régional et coopératif Desjardins. Jusqu'à maintenant, près de 100 millions ont été investis dans 40 entreprises situées dans 11 régions du Québec.

«L'objectif avec Desjardins est de profiter de leur réseau de succursales étendu partout au Québec», ajoute M. Chagnon.