Un admirateur de Rihanna devait payer 30% plus cher que le prix original pour obtenir un ticket dans les bleus au Centre Bell pour son spectacle du 10 juin dernier par l'entremise des sites de courtage Billet.ca et 514-billets.com. Industrie en plein essor, les courtiers de billets réalisent des ventes de près de 16 millions de dollars cette année au Québec, estiment d'ailleurs les auteurs d'une étude commandée par l'Office de protection du consommateur. Mais leurs jours sont peut-être comptés.

Avec le projet de loi 25 actuellement à l'étude, ces courtiers sont dans le collimateur du gouvernement. Québec cherche à faire interdire la revente de tickets avec profit sur l'internet. Il fait valoir que le prix élevé des billets sur le marché de la revente épuise le budget discrétionnaire des consommateurs qui vont voir moins de spectacles, faute de moyens.

Au cours d'audiences en commission parlementaire, en septembre, l'ADISQ (Association québécoise de l'industrie du disque, du spectacle et de la vidéo) est venu appuyer la loi, mais l'Union des consommateurs et la Fédération des chambres de commerce se sont opposées pour diverses raisons. L'étude d'impact de Raymond Chabot Grant Thornton (RCFT) lève le voile sur cette industrie discrète, quoiqu'en pleine expansion.

Un billet sur 14

RCGT estime que 1 billet de spectacles ou d'événement sportif sur 14 est revendu sur les sites des courtiers. Leurs revenus sont estimés à 15,8 millions en 2011 et leur bénéfice d'exploitation, à 4,7 millions. Leur marge bénéficiaire atteint 37,4%, d'après un échantillon de 12 événements culturels et sportifs, survenus en 2011.

Dans les 12 événements auxquels se sont attardés les experts de Raymond Chabot Grant Thorton, l'écart entre le prix original et le prix de revente variait de -1% à 149%.

Président de billet.ca, Éric Bussières ne conteste pas les chiffres de RCGT. «Ça pourrait être crédible, dit-il. On parle de 15 millions sur des ventes totales d'environ 367 millions. Ça reste minime.» M. Bussières assure que son entreprise est légitime est qu'elle paie ses taxes et ses impôts.

Les courtiers internet contrôlent environ la moitié du marché secondaire, si on se fie aux études citées par RCGT. Deux entreprises québécoises, billets.ca et 514-billets, font concurrence à Stubhub.com et à d'autres sites américains.

L'autre moitié du marché secondaire englobe les ventes des revendeurs de rue (scalpers) et celles entre deux consommateurs, sans intermédiaire. Elles ne sont pas visées par le projet de loi 25. Le marché primaire représente les ventes de billets des producteurs faites directement aux clients.

Aux États-Unis, le marché secondaire de la vente de billets continuera de connaître une croissance de 14,6% par année jusqu'en 2012, selon une étude citée par RCGT.

L'étude du projet de loi 25 se poursuit en commission parlementaire.