La publicité sur les campus, ça «tue» les étudiants. Surtout quand elle vient d'institutions financières.

«On se fait l'honneur de les mettre à la porte», déclare Émilie Champoux, permanente à la Société générale des étudiantes et étudiants du Collège de Maisonneuve.

L'automne dernier, elle a participé à un «die-in» avec un groupe d'étudiants qui ont mimé leur décès devant le kiosque d'un émetteur de cartes MasterCard. «On «meure» devant eux et les étudiants ne peuvent même pas se rendre jusqu'au kiosque. Ensuite, ils ne reviennent plus», raconte-t-elle.

Certains cégeps ont décidé de bannir la publicité. C'est le cas du Cégep de St-Laurent et du Cégep de Sherbrooke où toute forme de sollicitation est interdite sans l'accord de la direction. Pas de publicité dans l'agenda. Pas de stands de sollicitation sur le terrain du cégep.

Mais dans d'autres établissements scolaires, la sollicitation est monnaie courante. «Les émetteurs de cartes sont beaucoup plus agressifs lors de la rentrée scolaire universitaire. Ils ont beaucoup de kiosques et de cadeaux pour attirer les jeunes», constate Kristelle Rivard, intervenante communautaire à l'ACEF Estrie.

Avec la publicité sur les campus, les sociétés visent spécifiquement les étudiants qui sont dans des conditions précaires, qui ont un budget serré et pour qui le crédit peut sembler tentant, dénonce Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) qui lutte contre l'envahissement des campus par l'entreprise privée.

«C'est facile de perdre le contrôle, de voir le crédit comme une source de revenus supplémentaires. Ce n'est pas rare de voir des étudiants arriver avec 10 000$ sur leur carte ou leur marge de crédit alors qu'ils n'ont pas de revenus», affirme Caroline Toupin, porte-parole de la Coalition des associations de consommateurs du Québec (CACQ).

Interdir la pub sur les campus

La CACQ demande à Québec d'interdire la publicité sur le crédit, à plus forte raison celle qui vise les étudiants.

«Protégeons les jeunes en interdisant la sollicitation dans les endroits qu'ils fréquentent souvent, comme les institutions scolaires ou à proximité», plaide Mme Toupin.

Elle souligne que la publicité sur la cigarette est interdite, tout comme la publicité s'adressant aux enfants de moins de 13 ans. Aux États-Unis, il est interdit de promouvoir le crédit sur les campus depuis 2009.

La sollicitation n'est pas la bonne façon de faire un choix éclairé, estime la CACQ. Les informations fournies sont très partielles, les éléments importants sont écrits en petits caractères. Les jeunes qui ont vraiment besoin d'une carte de crédit devraient analyser et comparer les produits offerts, plutôt que d'agir sous le coup de l'impulsivité.