À la croisée des chemins après avoir perdu la moitié de ses revenus, le Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires (MEDAC) connaît un fort roulement à son conseil d'administration.

Le président Claude Béland, 79 ans, démissionne tandis que l'ancien premier ministre Jacques Parizeau, 81 ans, entre au conseil en compagnie d'Andrée Corriveau, présidente de l'Association des femmes en finance du Québec. Le nouveau président de l'organisme sera choisi à la prochaine réunion de son conseil le 4 octobre.

Outre M. Béland, trois autres administrateurs remettent leur démission: Monique Charland, Normand Caron et Louise Champoux-Paillé.

Tous ces départs surviennent au moment où le MEDAC doit trouver de nouvelles sources de financement. En décembre dernier, l'Autorité des marchés financiers (AMF), qui subventionnait les activités de formation de l'organisme depuis cinq ans, a mis fin à son financement. Les 100 000$ que l'AMF versait chaque année à cette fin constituaient près de la moitié des revenus de l'organisation.

«L'annonce de l'AMF a fortement secoué la confiance de beaucoup d'administrateurs autour de la table. Plusieurs ont remis en cause la survie du MEDAC et ont manifesté leur intérêt de quitter éventuellement le bateau. Pendant l'été, on a tenu une réunion de brainstorming sur nos chances de passer au travers. Suite à ça, certains ont tiré leur révérence», a dit Normand Caron, administrateur démissionnaire.

Dans son cas, M. Caron démissionne pour des raisons techniques. Redevenu responsable du secteur de l'éducation au MEDAC, un poste contractuel, il n'a plus le droit de siéger comme administrateur selon le règlement interne de l'organisme, nous a-t-il expliqué au téléphone.

L'AMF est à revoir sa décision

Tout récemment, l'AMF a rouvert la porte à un nouveau financement, a indiqué M. Caron. «L'AMF nous a demandé de lui présenter un projet en septembre.»

Quant à Mme Champoux-Paillé, elle quitte le MEDAC pour prendre une pause. «J'ai annoncé mon départ il y a quatre mois. J'ai besoin de prendre du recul et d'avoir du temps pour faire mes recherches sur les sujets de gouvernance qui continuent de me passionner», a-t-elle expliqué, au téléphone. Elle disait consacrer jusqu'à 50 heures de bénévolat par semaine au MEDAC comme responsable de la recherche et de la rédaction de mémoires.

Nous n'avons pas pu connaître les raisons des démissions de Claude Béland et Monique Charland.

Le fondateur du MEDAC, Yves Michaud, salue l'arrivée de M. Parizeau et de Mme Corriveau qu'il qualifiede «grosses pointures».

«Le plus grand bâtisseur économique du Québec, c'est Jacques Parizeau», s'est-il exclamé. Mme Corriveau, pour sa part, aura la responsabilité de promouvoir la place des femmes au conseil des sociétés, a indiqué celui que l'on surnomme le Robin des banques.

Les femmes occupent à peine 16% des postes d'administrateurs de sociétés québécoises cotées en Bourse. Hier, une étude publiée par le Conference Board a dévoilé que les hommes continuent d'avoir trois fois plus de chances d'accéder à la haute direction d'une société qu'une femme. Le Conference Board ne note aucun progrès non plus du côté des cadres intermédiaires.

«Le MEDAC a déjà commencé à déposer des propositions (au sujet de la place des femmes au CA) Je devrai continuer le travail», dit dans un entretien Andrée Corriveau, en ajoutant qu'elle n'est pas intéressée par la présidence.

Jacques Parizeau est présentement à l'extérieur du pays.

Couleur politique

Bien que la qualité et les compétences des nouveaux venus ne fassent aucun doute, leurs affiliations politiques communes colorent, qu'on le veuille ou non, l'organisme voué à la défense des petits investisseurs.

M. Michaud n'est pas de cet avis. «On ne fait pas de politique au MEDAC.»

Fondé en 1995, le MEDAC compte 1657 membres individuels cotisants et 9 membres institutionnels.