L'économie a beau ralentir, les marchés financiers s'énerver et la récession menacer à nouveau, Hatch, au centre-ville de Montréal, prospère et continue d'embaucher.

La firme d'ingénierie va doubler la superficie de ses bureaux de 5, Place Ville-Marie où elle est établie depuis 1992. En 2012, la société spécialisée dans les services professionnels dans le secteur des mines et des métaux occupera deux étages de plus dans la tour de bureaux pour un total de six, soit l'équivalent de près de 200 000 pieds carrés (18 581 mètres carrés).

« Depuis trois ans, notre effectif au Québec a presque doublé, dit Robert Metka, 57 ans, directeur et membre du conseil d'administration de Hatch dont le siège social est situé à Mississauga. Nous étions 500 trois ans passés. Aujourd'hui, nous sommes 900 et on engage encore.»

Ancien cadre de la minière Noranda où il a travaillé pendant 22 ans, M. Metka dirige le bureau de Hatch à Montréal depuis 1998, sauf pendant un court hiatus où il était posté en Afrique. Il est aussi responsable du bureau en Russie et de celui de la Floride.

Originaire de Moose Jaw, en Saskatchewan, Rob Metka parle un excellent français qu'il dit avoir appris à la petite école de Gravelbourg, dans la même province. Lors d'un entretien avec La Presse Affaires, il a parlé de l'impact du boom des matières premières sur ses principaux clients et des perspectives qui s'ouvrent dans les infrastructures pour sa société, à la suite du ménage qui se fait dans l'industrie de la construction du Québec.

Entreprise méconnue au Québec, Hatch est une firme privée en propriété interne qui compte 9000 employés répartis dans 60 bureaux partout dans le monde.

Fondée en 1962 par Gerry Hatch, qui a étudié à l'Université McGill, l'entreprise se classe au 10e rang des bureaux d'ingénieurs du Québec, en fonction de l'effectif, selon un classement du journal Les Affaires.

Plus de 200 embauches par an   

Au cours des deux prochaines années, Hatch augmenterait son effectif de 25 % par an à la condition que l'économie mondiale ne retombe en récession, un pourcentage qui correspond à environ 225 embauches par an. La plupart des futurs employés seront recrutés au Québec, dont bon nombre de diplômés de nos universités.

Hatch grossit au rythme des projets d'expansion de ses clients comme QIT à Sorel-Tracy, dans le fer et le titane, d'ArcelorMittal, dans le fer, et de Rio Tinto Alcan, dans l'aluminium.

De concert avec SNC-Lavalin, Hatch supervise la construction de l'aluminerie de type AP-60, au Saguenay, en attendant la construction ou l'agrandissement d'autres fonderies d'aluminium au Québec. « Il en a d'autres qui s'en viennent. Elles ne sont peut-être pas annoncées», a dit M. Metka.

Hydro-Québec a d'importants surplus d'énergie, suffisamment pour approvisionner d'éventuelles alumineries. Actuellement, une centaine d'employés de Hatch travaillent au projet de la fonderie AP-60.

Projets au Nord, emplois à Montréal

Selon Rob Metka, les principaux clients de Hatch se positionnent pour répondre aux besoins créés par l'urbanisation de la Chine, qui accapare une bonne part des matériaux de base de la planète ces temps-ci.

«Tous nos clients ont des projets d'accroissement de leur production de 20 à 50 %. Ce sont des projets qui mettent entre 3 et 10 ans à se réaliser».

Hatch constitue un exemple de ses entreprises montréalaises dont la vitalité est intimement reliée au développement des régions ressources de la province.

«C'est probablement vrai pour toute la société québécoise. Les études démontrent qu'un emploi permanent dans le Nord dans les ressources naturelles crée de six à sept emplois ailleurs au Québec », dit M. Metka. À cet égard, il voit d'un très bon oeil le Plan Nord du gouvernement de Jean Charest.  

Outre le secteur des mines et métaux, le bureau montréalais de Hatch possède une expertise en infrastructures et en énergie. Environ 70 personnes travaillent en infrastructures pour Hatch au Québec, autant en énergie.

Par contre, Hatch travaille peu pour le gouvernement. «Je suis content de voir un nettoyage du système (d'octroi des contrats aux firmes d'ingénierie) particulièrement au Québec, a indiqué M. Metka.

«Je pense que ça va ouvrir des opportunités pour nous dans les contrats publics et parapublics. Auparavant, nous essayions, mais nous n'avions pas beaucoup de réussite.»