Plusieurs entreprises québécoises ont dévoilé leurs résultats financiers, mercredi. Toutes sont vulnérables à une soudaine dégradation de la demande mondiale. Mais les secousses des derniers jours pourraient aussi leur offrir de nouvelles occasions.

> Suivez Hugo Fontaine sur Twitter

> Suivez Philippe Mercure sur Twitter

Cascades [[|ticker sym='T.CAS'|]]

«Nous ne sommes pas à l'épreuve des récessions, mais nous sommes très peu cycliques par rapport à d'autres sociétés, avec notre secteur de l'emballage très lié à l'alimentation et notre secteur de papier tissu [papier hygiénique et essuie-tout].» - Didier Filion, directeur des relations avec les investisseurs

Les résultats de Cascades au deuxième trimestre sont fortement influencés par la vente de la division Dopaco, qui a procuré à la société de Kingsey Falls un gain exceptionnel de 193 millions. En excluant les éléments extraordinaires, la société a enregistré une perte nette de 6 millions, soit 0,06$ par action, contre un bénéfice de 26 millions en 2010 (ou 0,27$ par action).

Depuis la fin de 2009, Cascades doit composer avec une hausse importante des coûts de la fibre recyclée à la base des trois quarts de ses produits. «Dans les cinq ou six derniers trimestres, les coûts des matières premières accumulent les records, explique à La Presse Affaires le vice-président et chef de la direction financière, Allan Hogg. La Chine achète beaucoup de fibre en Amérique du Nord pour le démarrage de nouvelles usines.» Cela pousse les coûts vers le haut. En contrepartie, Cascades a pu augmenter ses prix de vente depuis le mois de mai, et cela devrait se refléter dans les résultats des troisième et quatrième trimestres.

Les craintes à l'égard de l'économie américaine et la crise boursière ne semblent pas inquiéter Cascades pour l'instant. «On suit ça de près, mais cela n'a pas d'impact sur notre carnet de commandes, souligne Alan Hogg. Il faut tout de même être prudents dans notre façon de gérer les opérations.»

Abitibibowater [[|ticker sym='T.ABH'|]]

«En ayant établi de solides fondations, nous sommes plus flexibles pour affronter les changements dans le marché et l'économie, qui est clairement dans un état fragile.» - Seth Kursman, vice-président aux communications d'entreprise

Le bénéfice net de 61 millions US enregistré par Abitibi Bowater au deuxième trimestre fait contraste avec la perte de 297 millions affichée pendant la même période en 2010. Les résultats financiers s'améliorent, mais la remise sur pied de la société n'est pas complètement derrière elle. «Les conditions de marché continuent d'être extrêmement difficiles, tant sur le plan du papier que du bois», dit Pierre Choquette, directeur principal des affaires publiques au Canada.

La grande majorité des ventes de la société sont concentrées aux États-Unis, où les mises en chantier ne se sont pas replacées depuis la crise de 2008 et où la demande de papier journal descend constamment.

Dans le secteur du bois, «la façon de s'ajuster est de s'assurer de continuer les opérations, mais au ralenti», souligne M. Choquette. Dans le secteur du papier journal, la demande internationale vient compenser une partie de la décroissance américaine.

«Les prix de nos produits de pâte et papier se sont améliorés durant le deuxième trimestre, a indiqué le président et chef de la direction, Richard Garneau, par voie de communiqué. Bien que les perspectives économiques générales soient peu reluisantes, je suis persuadé que les efforts que nous mettons à réduire nos coûts et notre dette devraient nous permettre d'afficher de meilleurs résultats financiers pour le second semestre de l'exercice.»

Genivar [[|ticker sym='T.GNV'|]]

«Quand les gens sortent d'une récession et qu'ils voient que l'économie ne s'améliore pas, ils peuvent se dire que c'est le temps de se joindre à un groupe. C'est certain que ça peut avoir un impact sur nos acquisitions.» - Pierre Shoiry, président et chef de la direction

Voilà déjà quelques années que Genivar attend sur les lignes de côté, surveillant les occasions d'acquisitions aux États-Unis et ailleurs dans le monde. Or, le contexte économique incertain pourrait bien être le signal tant attendu pour la firme de génie-conseil québécoise.

«Dans notre industrie, il y a beaucoup de baby-boomers qui ont créé des firmes. Il y a des enjeux de successions, et c'est certain que la conjoncture économique peut amener certains vendeurs», dit Pierre Shoiry, président de Genivar.

M. Shoiry rappelle qu'au moment de s'inscrire en Bourse, en 2006, Genivar voulait sortir du Québec et bâtir une plateforme canadienne. Rien de moins que 56 acquisitions plus tard, la mission est accomplie.

«Notre prochain plan, c'est de bâtir une organisation globale qui tire 50 % de ses revenus de l'international d'ici à 2015», dit le président.

C'est donc dire que Genivar, qui génère actuellement moins de 5 % de son chiffre d'affaires à l'étranger, devra faire vite.

Pierre Lacroix, analyste chez Valeurs mobilières Desjardins, s'attend aussi à une acquisition internationale «d'ici 6 et à 12 mois». Le contexte économique difficile pourrait-il accélérer la décision?

«Ça peut amener des occasions», confirme-t-il.

M. Shoiry considère que Genivar est elle-même relativement à l'abri d'un ralentissement mondial. «Ça ne nous empêche pas de dormir la nuit, dit-il. On est diversifiés dans tellement de secteurs que ça nous protège.»

Genivar a par ailleurs annoncé hier des résultats jugés décevants par le marché. La firme a déclaré des ventes de 158 millions et des profits de 9,9 millions au dernier trimestre, mais la majorité de la croissance provient des acquisitions passées.

«L'entreprise fait face à certaines faiblesses de marché à l'international et sur le plan municipal au Québec. La croissance organique avoisine le zéro -on est habitués à beaucoup mieux», dit l'analyste Pierre Lacroix, qui note cependant une amélioration à la fin du trimestre et pointe l'implantation d'un nouveau système de gestion pour expliquer une certaine perte de productivité chez Genivar.