La chute des cours boursiers vendredi et lundi a des répercussions immédiates sur le plan de match d'entreprises d'ici. Repli sur le marché domestique et reconsidération de dépenses sont à l'ordre du jour. Les trois dirigeants de PME à qui La Presse Affaires a parlé s'inquiètent des conséquences des événements des derniers jours sur la vitalité de leur entreprise.

«Avant la crise de 2008, on faisait 60 à 65% de notre chiffre d'affaires aux États-Unis, nous sommes rendus à 55%, dit Stéphane Julien, vice-président des opérations, chez Moderco un fabricant et exportateur de cloisons mobiles pour des clients institutionnels, à Boucherville. Nos efforts vont en priorité à approvisionner le marché canadien et international [hors États-Unis].»

Huard costaud

Un dollar élevé rend les produits de Moderco moins concurrentiels sur le marché américain. En outre, il craint que la décote entraîne à terme une nouvelle dévaluation du billet vert américain, d'autant plus que M. Julien appréhende une deuxième récession chez nos voisins du Sud. Dans l'immédiat, la fuite des investisseurs vers la qualité a créé momentanément l'effet inverse. Le dollar canadien décroît. Il redoute un resserrement des dépenses publiques aux États-Unis, lui qui vend aux écoles et à l'armée.

Shape WLB, fabricant d'équipements caméras de l'arrondissement Saint-Hubert, à Longueuil, déploiera ses efforts de commercialisation sur l'Europe du Nord et l'Asie dans la prochaine année. «Mon défi, d'ici décembre, est d'élargir mes marchés à l'échelle internationale. Je ne peux pas mettre mes oeufs dans le même panier», dit sa présidente Mylène Girard. Les États-Unis comptent pour 85% de son chiffre d'affaires. Trois employés seront embauchés dans les prochains mois pour trouver des distributeurs. La conjoncture la rend toutefois prudente. Elle croyait aller en Inde, à Bollywood, à Bombay, en octobre, elle attendra avant de commencer à engager les frais.

Michel Léonard, président et chef de la direction de BTB immobilier, remercie la providence. En juillet, le fonds coté en Bourse, possédant des actifs de 324 millions répartis dans 49 immeubles, a émis pour 23 millions en débentures portant intérêt à 7,25% en prévision d'un remboursement de vieilles débentures arrivant à échéance en octobre. «Aujourd'hui, un tel financement serait impensable», dit le vétéran de la scène immobilière. Sa vaste expérience lui fait dire que les conditions de financement ne reviendront pas à la normale avant trois à six mois, beaucoup plus tard si les États-Unis retombent en récession.