Alors que l'Espagne a dû interrompre hier une enchère de 3,5 milliards d'euros parce qu'elle lui coûtait trop cher, Québec a écoulé facilement mercredi une tranche d'obligations de 500 millions de dollars qui viendront à échéance en 2021.

La province a consenti un taux de 3,52%, ce qui représente un écart de 87,5 points centésimaux sur une obligation canadienne comparable. La dette canadienne, notée AAA par Standard&Poor's et Aaa par Moody's, est très prisée et se vend par conséquent très cher. Une obligation est jugée chère quand sont rendement est faible.

«Dans les conditions actuelles, c'est très bon pour le Québec», analyse Jean-François Godin, vice-président recherches chez Valeurs mobilières Desjardins. L'émission s'est vendue un peu plus lentement qu'à l'accoutumée, observe-t-il, mais c'est l'été et il y a moins d'investisseurs au boulot. Et puis, il y a le contexte présent d'incertitude qui en incite plus d'un à l'attente.

C'était la première fois que le Québec se présentait sur les marchés de la dette depuis plusieurs semaines. Le 13 juillet, il avait consenti un taux de 3,779%, ce qui représentait alors un écart de 84 points sur une obligation canadienne de même échéance.

C'est donc dire que, même si l'écart s'est élargi de trois centièmes, Québec a pu profiter de la très forte demande pour les titres canadiens, jugés très sûrs, précise M. Godin.

Exprimé autrement, une tranche de 100$ d'obligations canadiennes dont le taux d'intérêt nominal est de 3,25% s'était vendue 102,70$ le mois dernier, mais 105,20$, cette semaine. Ce gain significatif de 2,50$ aura permis au Québec de consentir un taux plus faible de près de 26 centièmes, précise M. Godin. Cela représente une économie de près de 1,3 million au service de la dette, pendant 10 ans.

L'Espagne, dont la note de crédit est supérieure à celle du Québec selon S&P (AA contre A"), n'a pu écouler hier que 3,3 milliards d'une enchère initialement annoncée de 3,5 milliards. Le rendement que devait consentir l'Espagne s'élevait à 6,1%, le plus élevé depuis son entrée dans la zone euro, le 1er janvier 1999.

La crise de la dette européenne se fait aussi sentir sur le marché canadien qui aura été très peu actif en juillet, précise M. Godin. Juillet aura été le mois le plus calme de l'année en matière de nombre et de valeurs des émissions. Il est même plus faible que juillet 2010.

Le Québec et l'Ontario se sont néanmoins risqués à émettre de la dette à l'étranger. Québec a réussi une émission de 225 millions en dollars australiens. Il s'agissait de sa première enchère dans ce marché en six ans, précise M. Godin. Il estime à 9,4 milliards les emprunts que Québec devra réaliser d'ici le 31 mars pour boucler ses besoins cette année.