La facture collective de la fermeture des centres d'appels d'IQT continue de gonfler. La firme américaine doit près de 2 millions de dollars au fisc, selon des documents produits en cour, que La Presse Affaires a obtenus.

Revenu Québec s'est adressé à la Cour supérieure ainsi qu'à la Cour fédérale au cours des derniers jours pour réclamer un total de 1,9 million à l'entreprise américaine. Des documents produits au tribunal révèlent que l'établissement de Trois-Rivières, qui comptait 140 employés, a accumulé une dette de 767 417,18$ auprès du fisc entre avril 2008 et mai 2011. Celui de Laval, avec 450 employés, a pour sa part des arriérés qui totalisent 1,1 million.

IQT n'a pas versé les sommes qu'elle doit à Québec pour la taxe de vente et sur les retenues à la source, selon les documents. Il n'a pas été possible de savoir avec précision de quelle manière la société a accumulé ces arriérés.

Revenu Québec a préféré ne pas commenter le dossier, hier, afin de protéger le secret fiscal de l'entreprise.

Revenu Québec n'est pas le seul bras du gouvernement à qui IQT doit de l'argent. L'entreprise a une dette de 30 000$ envers Hydro-Québec pour sa consommation d'électricité. La société d'État a enregistré une hypothèque légale sur les actifs de l'entreprise, le 19 juillet.

Investissement Québec a pour sa part écrit aux dirigeants de l'entreprise pour réclamer le remboursement d'une subvention de 670 000$. Ce même organisme pourrait devoir payer plus de 100 000$ pour honorer une garantie de prêt consentie à IQT. Emploi-Québec a également mis sur pied un programme de reclassement qui coûtera entre 600$ et 800$ pour chaque participant.

Poursuite des Métallos

Pendant ce temps, des travailleurs licenciés du centre d'appels de Trois-Rivières ont participé à une rencontre organisée par le syndicat des Métallos, hier après-midi, afin d'en apprendre davantage sur les programmes de reclassement qui sont à leur disposition. À l'instar de certains créanciers d'IQT, le syndicat envisage de poursuivre personnellement les dirigeants de la firme, a indiqué son directeur québécois, Daniel Roy.

Les Métallos ont découvert qu'un administrateur d'IQT habite la Colombie-Britannique. Si un tribunal devait reconnaître les gestionnaires de la firme coupables d'avoir violé la loi, il serait possible de faire appliquer le jugement dans cette province de l'Ouest, puisqu'elle est liée au Québec par une entente de réciprocité.

Ce n'est pas la seule piste envisagée par le syndicat.

«Le syndicat des Métallos est aussi présent aux États-Unis, a souligné M. Roy. Au bout du compte, on va regarder la possibilité de poursuivre les administrateurs américains. Si c'est possible, on ne ménagera pas les efforts pour y aller.»

IQT a fermé ses centres d'appels de Laval, Trois-Rivières et Oshawa sans avertissement, le 15 juillet dernier. Ses quelque 1200 employés n'ont pas été payés pour leurs dernières semaines de travail, et ils n'ont eu droit à aucune indemnité de départ.

Dans la foulée de cette fermeture, qualifiée de «sauvage» par les autorités québécoises, la Ville de Nashville a annulé le versement d'une subvention de 1,6 million pour inciter IQT à bâtir un siège social et un centre d'appels là-bas. Le syndicat des Métallos a écrit au maire de cette ville du Tennessee, Karl Dean, pour le remercier.