C'est dans une période de canicule qu'ont débuté vendredi dernier, dans la région de Lanaudière, les récoltes des brocolis destinés à l'environnement glacé des congélateurs.

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Établie à Saint-Alexis-de-Montcalm, l'entreprise Productions maraîchères Mailhot y prépare des légumes de surgélation, un créneau de marché où la pression à la baisse sur les prix est forte.

Au moment où La Presse Affaires a visité les terres de Marcel Mailhot, peu avant la récolte, des dizaines de milliers de plants de brocolis feuillus s'alignaient dans les champs. «À la récolte, ils seront durs comme une pomme et croustillants», a expliqué M. Mailhot en nous montrant l'une des plantes. Une vingtaine d'autres producteurs de Lanaudière fournissent également son entreprise. Ensemble, ils cultivent 900 acres de brocoli, à raison de 20 000 plants à l'acre, pour un total approximatif de 18 millions de brocolis, sans compter les choux-fleurs et les choux romanesco.

À peine une heure après la récolte, le brocoli est coupé en fleurettes à l'usine et refroidi à une température de 3 degrés Celsius. Il entre dans une «chaîne de froid» qu'il ne quittera plus jusqu'à sa transformation et son emballage dans l'usine de Bonduelle, à Bedford.

M. Mailhot fournit des légumes à l'usine de Bedford depuis 1981. L'usine a changé de mains au fil des ans et, avec la consolidation du marché, Bonduelle est aujourd'hui le seul client de M. Mailhot, à qui elle achète 10 millions de livres de légumes.

Concurrence forte

La filiale nord-américaine de l'entreprise française Bonduelle est derrière la marque Arctic Gardens, qui accapare 60% des parts du marché des légumes surgelés au Québec. Bonduelle exporte 50% de sa production vers des entreprises de services alimentaires aux États-Unis et fait face à une concurrence d'autant plus forte que le dollar canadien est très vigoureux, explique le directeur général de Bonduelle Amérique du Nord, Jérôme Bonduelle.

Dans le cas du brocoli et du chou-fleur, des secteurs de production où davantage de main-d'oeuvre est nécessaire, le Mexique et la Chine profitent aussi de clairs avantages en raison des salaires moins élevés.

Les détaillants en profitent et exigent le prix le plus bas à Bonduelle, qui s'approvisionne à 90% au Canada (où elle achète 400 millions de livres de légumes) et dont l'ensemble de la gamme Arctic Gardens est tout canadien. «Nous avons un produit du Canada, mais cela ne suffit pas», note M. Bonduelle. Dans ce contexte, Bonduelle a demandé aux Productions maraîchères Mailhot de diminuer ses prix dans les trois dernières années.

Marcel Mailhot doit composer avec cette nouvelle donne. «Je n'ai pas diminué le prix que je donne aux autres producteurs qui travaillent pour moi, mais je n'ai pas pu l'augmenter non plus», déplore l'agriculteur. Or, ces producteurs n'échappent pas à la hausse des coûts de production.

De son côté, pour compenser la baisse des revenus, M. Mailhot se tourne vers ce qui a fait la force de son entreprise: la recherche et développement. «On essaie d'être toujours plus efficace», dit-il en pointant les machines de l'usine, toutes conçues à l'interne. Depuis cinq ans, la capacité de l'usine a doublé, assurant une efficacité accrue.

Le chiffre d'affaires des Productions maraîchères Mailhot, qui a déjà atteint les 4,5 millions, a néanmoins reculé à 3,5 millions. Il a fallu diminuer la production. «C'est difficile, mais on est restés en selle, affirme M. Mailhot. On peut encore être concurrentiels sur le plan mondial, pour l'instant.»

L'usine de M. Mailhot tournera jusqu'au milieu de l'automne, quand les récoltes prendront fin. Pour les prochains mois, 85 employés s'activeront dans l'entreprise, dont 44 Guatémaltèques.

Par la suite, Marcel Mailhot veillera à trouver de nouvelles façons de faire encore mieux, l'année prochaine.