Le camping est en excellente santé au Québec. Les campeurs sont plus que jamais au rendez-vous et de nouveaux acteurs veulent en tirer profit. Tour d'horizon d'une industrie d'un demi-milliard qui respire le bon air.

«C'est une 72, y'a encore la plaque rouge en arrière!»

Maurice Latraverse est le doyen des campeurs du Domaine de Rouville, le méga-camping de près de 2000 sites niché près du mont Saint-Hilaire, à Saint-Jean-Baptiste de Rouville. Cela fait 51 ans qu'il y passe ses étés. Sa roulotte de 1972, qu'il nous montre avec fierté, n'a jamais bougé de l'emplacement qu'elle occupe.

Comme Maurice Latraverse est resté fidèle à son terrain, les Québécois sont restés en amour avec le camping à travers les années. Depuis 15 ans, le taux d'occupation des emplacements progresse, même si leur nombre a augmenté de 40%. Les campeurs sont donc de plus en plus nombreux.

Même que dans les régions les plus rapprochées de Montréal (Montérégie, Laurentides, Lanaudière, Cantons-de-l'Est), l'offre ne suffit pas à la demande, particulièrement pour les emplacements saisonniers.

Le Domaine de Rouville, tout près de la métropole, représente bien le succès du camping auprès des Québécois. Convaincue par un voyageur américain d'implanter un camping sur la terre agricole qu'elle possédait, la famille Robillard a commencé l'aventure avec une cinquantaine de sites, en 1960. Elle en offre 1950 aujourd'hui, dont 1700 pour les campeurs saisonniers. À vue de nez, on peut estimer leur chiffre d'affaires à environ 4 millions, pour six mois d'activité.

Le camping est le plus gros du pays, affirme le copropriétaire Luc Robillard, qui nous fait visiter le domaine à bord d'une voiturette. Il est question de 4000 campeurs, et de 1000 à 2000 visiteurs par jour.

C'est une communauté tissée serré, assure Luc Robillard. «Ce qu'il y a de plus important dans le camping, c'est ton voisin», lance Maurice Latraverse en pointant la roulotte du campeur d'à côté, à quelques pas de la sienne.

Les sites ont beau être rapprochés, le terrain est assez grand pour que bon nombre de résidants y circulent en voiturette de golf sur les terrains asphaltés. Il y en a 800 sur le terrain.

À l'entrée du domaine, un kilomètre de plages ceinture deux petits lacs. Un mini parc aquatique est bâti tout près.

«À une certaine époque, on voyait notre clientèle vieillir et on a réagi, raconte Luc Robillard. On a pris un virage famille.» Et les familles sont venues y établir leur résidence estivale. Les adultes qui travaillent n'hésitent pas à voyager matin et soir vers la métropole. Et selon M. Robillard, il y aurait un millier d'enfants dans son camping.

«Il y a de plus en plus de jeunes familles qui font du camping, souligne Simon Tessier, directeur général de Camping Québec. C'est rassurant pour l'industrie.»

Une industrie qui ne s'essouffle pas

Même pendant la récession, le camping a bien tenu le coup. Ça reste une activité de loisir peu coûteuse, note M. Tessier. «Et le camping a une influence positive sur l'équilibre psychologique des gens, récession ou pas», ajoute Luc Robillard.

Comme le camping a toujours la cote et que le Domaine de Rouville n'a pas vraiment de place pour de nouveaux clients saisonniers, la croissance est toujours dans les cartons de la famille Robillard. «Il y a de la place pour 1000 autres sites juste là», dit Luc Robillard, en pointant un vaste espace libre sur la terre familiale.

«N'est-ce pas déjà assez gros», demandons-nous à Luc et à sa mère Gertrude, qui a fondé le camping avec son mari Maurice. Les deux éclatent de rire. Ils se sont visiblement déjà posé la question.

«Tant que la complicité demeure et que les gens se sentent propriétaires de la place, on peut encore grandir. Il y a encore beaucoup de coopération et d'entraide sur le camping.»

Maurice Latraverse se rappelle la première année du Domaine de Rouville, quand les quelques dizaines de campeurs disposaient d'un seul lavabo pour tout le groupe. «C'était comme une petite famille, dit-il. Et l'esprit de famille est resté, même si c'est plus gros», assure-t-il, avant de retourner à son livre, dans le petit espace bien à lui de cette gigantesque agglomération saisonnière.

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Le camping au Québec

500 millions: Dépenses des campeurs incluant les ventes des véhicules récréatifs*

460 000: Campeurs adultes, dont 91 000 saisonniers*

865: Nombre de terrains de camping**

113 379: Nombre d'emplacements**

+ 7,2%:Augmentation de l'achalandage quotidien entre 2004 et 2009, surtout en raison de l'augmentation du nombre de saisonniers (+12%)

Note: Données les plus récentes; *2004 **2008

Source: Camping Québec, Ministère du Tourisme du Québec