Jean Charest a vanté les richesses minières et énergétiques du Grand Nord québécois devant un parterre de gens d'affaires et surtout de financiers, hier à Londres. Deux semaines après une présentation à New York, le premier ministre espère recruter des investisseurs européens pour son Plan Nord, un vaste programme de développement au nord du 49e parallèle.

Dans un hôtel en plein coeur de la City, quartier des affaires de Londres, il a fait valoir sa vision: «L'ouverture d'un nouvel espace économique» dans le nord du Québec, dont le territoire, a-t-il souligné, est cinq fois plus grand que le Royaume-Uni.

Environ 250 représentants de banques, de fonds d'investissement et de multinationales, dont Shell et le numéro un mondial en armement, BAE Systems, avaient été invités au dîner d'affaires commandité par Rio Tinto et ArcelorMittal, deux importants partenaires économiques du Québec.

Quelques poids lourds de l'industrie des minéraux et des métaux étaient présents, dont le Conseil mondial de l'or (World Gold Council). «Je suis ici pour relayer l'information à nos membres», s'est contenté de dire Marcus Grubb, directeur des investissements, à La Presse.

Le chef du Parti libéral a dressé un portrait flatteur de la province, mettant de l'avant ses capacités énergétiques, son déficit équivalant à 1% du produit intérieur brut (il est d'environ 10% en Grande-Bretagne), son taux de chômage de 7% et ses richesses souterraines.

«Le Canada est le troisième producteur mondial de diamants propres», a-t-il rappelé.

Il a souligné que les populations locales, notamment les communautés autochtones, seraient mises à partie pour profiter du Plan Nord, qui prévoit des investissements de 80 milliards de dollars en 25 ans.

À la clôture de la conférence, le chef de la direction diamants et minéraux de Rio Tinto, Harry Kenyon-Slaney, a salué Jean Charest comme un leader qui «pense globalement et agit localement».

Énorme occasion

À l'issue de son discours, Jean Charest s'est dit confiant que les investisseurs européens seraient attirés par la «stabilité et la transparence» du Plan Nord et par ses capacités hydroélectriques.

«Ils apprécient notre énergie propre et renouvelable, étant donné que le carbone aura certainement un prix d'ici une vingtaine d'années», a-t-il ajouté au point de presse.

Le premier ministre ne s'inquiète pas des effets de la crise grecque sur la zone euro.

«Les entreprises ont de l'argent, mais où l'investir? Là est la question. Quand il y a autant d'incertitude sur les marchés, le Plan Nord paraît comme un projet très attrayant», dit-il.

Jean Charest profite d'un double avantage aux yeux des Européens: l'excellente réputation de l'économie canadienne, qui a bien résisté à la crise économique, et la croissance du marché des matières premières, confirme Noel Williams, responsable au siège européen de la Banque Royale.

«C'est une énorme occasion. C'est aux Québécois de la saisir», a dit le directeur des investissements de la Royale.

Le premier ministre québécois participera aujourd'hui à un sommet organisé par le Financial Times à Londres, avant de poursuivre sa tournée européenne de cinq jours qui le mènera à Bruxelles, Francfort et Munich.