La Caisse de dépôt et placement du Québec investit 408 millions $ dans des obligations émises par le consortium responsable de la construction du futur Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM).

Les titres de dette, qui viendront à échéance dans près de 39 ans, rapporteront 6,7 pour cent par année.

Dans un contexte de faibles taux d'intérêt, «cet investissement montre de manière assez forte qu'on peut contribuer au développement économique du Québec tout en générant des rendements intéressants», a déclaré lundi le chef des placements de la Caisse, Roland Lescure, au cours d'un entretien téléphonique avec La Presse Canadienne.

Le dirigeant a assuré que personne au gouvernement n'avait eu à tordre les bras de quiconque à la Caisse pour que celle-ci ouvre ses goussets.

«C'est un investissement comme les autres, qu'on a regardé de près, a-t-il affirmé. Nous avons fait notre vérification diligente. (...)

Nous avons rencontré tous les intervenants dans ce dossier et absolument en aucun cas le gouvernement (n'est intervenu). C'est une opération financière qu'on a regardée comme investisseurs financiers avec des critères financiers et uniquement des critères financiers.»

La Caisse prévoit conserver longtemps les obligations du CHUM mais se réserve le droit, comme tout investisseur, de les revendre sur le marché secondaire si les circonstances le commandent, a précisé M. Lescure.

Outre la Caisse, une quarantaine d'investisseurs institutionnels se partageront les obligations émises par la société en commandite Collectif santé Montréal, dont la valeur totalise 1,37 milliard $.

Les principales entreprises associées au projet du CHUM sont les britanniques Innisfree et Laing O'Rourke, l'espagnole Obrascon Huarte, la française Dalkia et les québécoises EBC et Magil.

Les membres du consortium verseront, directement ou indirectement, la somme de 180 millions $ en capitaux propres et en prêts subordonnés. Quant au CHUM, il contribuera au financement du projet par le biais de sa fondation et des revenus du stationnement.

En tout, le projet coûtera 1,973 milliard $ à Québec, soit 116 millions $ de moins que l'«enveloppe maximale prévue» de 2,089 milliards $, s'est félicité le gouvernement de Jean Charest dans un communiqué.

«Nous avons l'assurance d'avoir le meilleur projet au meilleur prix, a soutenu la présidente du Conseil du trésor, Michelle Courchesne. Grâce au mode de réalisation en partenariat public-privé, qui incite à l'innovation et à la créativité, nous avons un concept unique, à un coût inférieur, qui rallie le côté technique et humain tout en respectant le contexte urbain montréalais.»

Cote inférieure

Rappelons que le projet a obtenu une cote de crédit moins élevée que le futur Centre universitaire de santé McGill (CUSM). L'agence de notation DBRS a attribué une cote de BBB (élevé) au projet du CHUM, alors que l'an dernier, elle avait accordé une cote de A (faible) à celui du CUSM, soit un cran plus haut.

Pour expliquer la cote du projet du CHUM, DBRS évoque sa complexité, notamment le fait qu'il sera construit au centre-ville de Montréal, à deux pas de l'actuel hôpital Saint-Luc et d'une ligne de métro. L'agence souligne en outre que le projet s'étale sur une période beaucoup plus longue (près de neuf ans contre un peu plus de quatre ans pour le CUSM) et qu'il sera réalisé par une multitude de sous-traitants de petite taille.

La Caisse est parfaitement à l'aise avec le niveau de risque du projet du CHUM, a indiqué Roland Lescure, en rappelant que BBB (élevé) est une cote de grade supérieur.

«L'équilibre entre le rendement et le risque (...) nous semblait tout à fait approprié pour un investisseur comme la Caisse», a-t-il dit.

Les travaux d'excavation et de fondation du sous-sol du nouveau CHUM doivent se poursuivre jusqu'à la fin de l'année. La première phase du futur hôpital doit ouvrir ses portes au printemps 2016. L'achèvement du complexe, qui comptera 772 lits et 39 salles d'opération, est prévu pour 2019.

Dans le rapport du «comité de revue diligente», réalisé en novembre mais publié seulement lundi, des experts soulignent que le projet est complexe et que «certaines incertitudes» demeurent quant à sa réalisation.

Les auteurs estiment que les hypothèses de financement du gouvernement sont «plausibles», en relevant toutefois qu'ils n'ont eu qu'une période de temps limitée pour effectuer leur analyse.

L'an dernier, le consortium responsable du futur CUSM, SNC-Lavalin Innisfree McGill Finance, avait émis pour 1,16 milliard $ d'obligations et la Caisse en avait acquis pour environ 45 millions $.

Le portefeuille de titres à revenu fixe de l'institution se chiffrait à 55,6 milliards $ au 31 décembre 2010, soit un peu plus du tiers de son actif net de 151,7 milliards $.