La croissance économique du Québec sera inférieure à la croissance canadienne pour la deuxième année, mais elle reste bonne, étant donné le faible rythme de l'augmentation de sa population.

L'économiste en chef de BMO Groupe financier, Sherry Cooper, table néanmoins sur une expansion de 2,4% et 2,3% au Québec, comparativement à 2,8% et 2,6% d'un océan à l'autre en 2011 et 2012. Il s'agit, pour le Québec, d'une prévision un peu plus élevée que celles de la plupart des autres institutions financières.

Parmi les moteurs de la croissance québécoise des prochaines années, l'économiste torontoise mentionne les investissements miniers liés au Plan Nord, la mise en valeur des gisements pétroliers et gaziers dans le golfe du Saint-Laurent, de grands chantiers comme le CHUM ou le Quartier des spectacles de Montréal, sans compter ceux lancés par Hydro-Québec.

Elle souligne aussi que la fermeté du dollar canadien, une ponction fiscale et des contributions au Régime des rentes plus élevées, sans compter un lot de calamités naturelles comme les inondations dans la vallée du Richelieu et les côtes de la Gaspésie, entraveront la croissance.

Toutefois, c'est la démographie qui constitue le plus grand frein à une croissance plus rapide. «Je n'ai pas parlé de la faible productivité, car il est très difficile de la mesurer, surtout dans le secteur des services et dans les industries liées à la haute technologie», a-t-elle précisé hier à quelques journalistes en marge de sa visite printanière à Montréal.

Ce segment est très dynamique au Québec. Mme Cooper croit en outre que la haute technologie parvient à se financer adéquatement grâce aux liens étroits entre le secteur bancaire et Investissements Québec.

Quelques grands chantiers privés généreront aussi beaucoup d'activité en région: ArcelorMittall sur la Côte-Nord, Alcoa à Baie-Comeau, Rio Tinto Alcan au Saguenay, Telus dans le Nord du Québec.

Le Québec profite en plus des avantages dont jouit le Canada, qui se distingue plutôt bien dans la grisaille des économies avancées. Le chômage est relativement faible à 7,8% dans la province (7,6% en moyenne au Canada), un taux que lui envient sans doute les États-Unis (9,0%) ou la France (9,4%).

«Malheureusement, le Canada sera frappé par le ralentissement actuel des États-Unis, précise Mme Cooper. Je ne crois pas cependant qu'ils vont rechuter en récession.»

Elle s'attend plutôt à un nouvel élan au sud de la frontière dès qu'aura pris fin la crise du marché immobilier résidentiel. Ce pourrait être en début d'année 2012, espère-t-elle. Il y a maintenant énormément de demande refoulée car la cohorte des enfants des boomers est proportionnellement beaucoup plus importante au sud de la frontière qu'ici.

Cela va stimuler la demande de matériaux de construction, de services de courtage immobilier et hypothécaire, de meubles de maison et de jardin. C'est une occasion que pourront exploiter les manufacturiers canadiens et québécois.

Mme Cooper est moins optimiste quant à la situation de l'Union européenne. «Une union monétaire sans politique fiscale commune ne marche pas», clame-t-elle tout en jugeant inévitable la restructuration de la dette grecque. Cela va poser de graves problèmes à la Banque centrale européenne qui détient de gros paquets d'obligations de pays qui peinent à financer leur dette.

Elle pense enfin que le Canada a tout à gagner en multipliant les liens commerciaux avec les économies émergentes «responsables des trois quarts de la croissance mondiale pour plusieurs années à venir».