Les 900 travailleurs syndiqués de la Commission de la construction du Québec (CCQ) refuseront de faire des heures supplémentaires à compter de lundi soir, et ce, pour une durée indéterminée.

Ce refus de faire des heures supplémentaires risque d'avoir des répercussions sur la lutte contre le travail au noir sur les chantiers de construction, a indiqué en entrevue le directeur exécutif du Syndicat des employés professionnels et de bureau (SEPB), affilié à la FTQ, Serge Cadieux.

«Ça veut dire que les chantiers de construction ne seront plus inspectés les soirs et les fins de semaine. C'est évident que s'il y a des entrepreneurs qui ont des travailleurs au noir, des illégaux, des gens qui n'ont pas leur carte de compétence, il n'y aura personne pour vérifier la conformité de ces travailleurs-là», a expliqué M. Cadieux.

Ces syndiqués veulent ainsi protester contre la lenteur des négociations en vue du renouvellement de leur convention collective. Celle-ci est échue depuis décembre 2009.

Récemment, un second point en litige s'est ajouté: la volonté du gouvernement de scinder l'unité d'accréditation du syndicat, afin d'empêcher certains syndiqués d'être affiliés à une centrale syndicale.

Par un tel projet de loi, le gouvernement veut que les travailleurs syndiqués de la Commission de la construction qui peuvent être appelés à enquêter sur l'industrie de la construction ne soient rattachés à aucune centrale syndicale, afin d'éviter toute apparence de conflit d'intérêts. Une affiliation à la FTQ serait donc exclue, mais également une affiliation à la CSN ou à la CSD, toutes des centrales syndicales qui ont des membres dans la construction.

M. Cadieux proteste du fait que seulement trois de ses membres ont été détachés pour servir à l'Unité permanente anticorruption, créée pour combattre la collusion dans la construction.

Mais le gouvernement veut que 300 de ses 900 membres soient détachés de l'actuel syndicat, parce qu'ils ont «un pouvoir d'enquête en vertu de la loi sur les commissions d'enquête», rapporte M. Cadieux. Mais, selon lui, on ne peut faire de comparaison avec le cas des policiers ou des procureurs de la Couronne qui, eux, doivent avoir un syndicat indépendant.

Pour protester contre ce projet de loi et pour accélérer la négociation en vue de renouveler leur convention collective, les syndiqués de la CCQ refuseront donc de faire des heures supplémentaires de 18h à 7h, et ce, pour une durée indéterminée. Ce sont les syndiqués qui en ont décidé ainsi, lors d'une assemblée générale tenue mardi dernier.

Ce refus de faire des heures supplémentaires n'est qu'une première étape dans les moyens de pression. «Si ça ne bouge pas, il va y avoir une escalade. Les deux cibles, c'est le renouvellement de la convention collective et le retrait de l'article 50 du projet de loi 15», a prévenu M. Cadieux.

Le syndicat dispose déjà d'un mandat d'exercer des moyens de pression pouvant aller jusqu'à une grève générale illimitée au moment jugé opportun. Ce mandat avait été adopté à 96%.