Le financier Perry Newman a été arrêté par les policiers, cette semaine, avec promesse de comparaître en cour sous des accusations de fraude, a appris La Presse.

William Perry Newman est ce conseiller financier montréalais qui a admis au syndic de faillite avoir floué une douzaine d'investisseurs de plusieurs millions de dollars entre 1996 et 2010. Comme Earl Jones, l'homme a structuré un stratagème à la Ponzi en payant les rendements de certains anciens clients avec l'argent des nouveaux investisseurs recrutés. Il a aussi mené un train de vie luxueux grâce à leurs fonds.

Selon nos informations, son arrestation a eu lieu en début de semaine par des policiers du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), qui menaient l'enquête. Perry Newman a promis de comparaître en cour et a été relâché.

Les victimes de cette affaire sont toutes issues de la communauté juive orthodoxe, principalement de New York. Perry Newman se servait même de ses « racines juives orthodoxes pour convaincre les investisseurs de son honnêteté, de son haut niveau de standards éthiques et de ses capacités financières », est-il écrit dans un document du syndic de faillite de son entreprise Dover Financial, produit en cour.

La principale victime est Edith Olanoff, une femme d'Israël qui lui avait confié l'équivalent de 5 millions US. La dame croyait même que son investissement avait atteint 7,6 millions US, alors que les coffres de l'entreprise étaient vides. Les relevés de compte avaient été falsifiés, selon le syndic de Dover, RSM Richter.

Des réclamations à sa femme

Ces derniers jours, RSM Richter a déposé des requêtes réclamant à la conjointe de M. Newman, Sari (Sarah) Stern-Newman, et à ses trois fils des sommes globales de 1,5 million de dollars.

Le syndic affirme dans ses requêtes que la famille Newman a financé son train de vie avec l'argent des investisseurs et qu'elle doit rembourser. RSM Richter a passé en revue les transferts de fonds des dernières années provenant de Dover. Il conclut que Mme Stern-Newman a reçu indûment 1,2 million et ses fils, environ 300 000 $.

Le syndic réclame aussi le remboursement de versements faits injustement à plusieurs autres individus au détriment des investisseurs. Les réclamations totalisent 1,3 million. Perry Newman n'est pas visé personnellement par les réclamations, car il a déclaré faillite dans la foulée de cette affaire.

Le soi-disant financier n'en est pas à ses premiers problèmes avec la justice. En 1993, un jugement à Londres, au Royaume-Uni, l'a sommé de rembourser l'équivalent de 900 000 $US à l'homme d'affaires John Halstuck. Le jugement a ordonné à Perry Newman de ne pas transférer ses actifs à l'étranger, y compris ses comptes au Crédit Suisse et à la Barclays Bank, de même que sa Mercedes et sa BMW.

Perry Newman et sa conjointe ont quitté Londres pour Montréal peu de temps après ce jugement. « Newman alléguait alors qu'il craignait pour sa vie et qu'il n'avait pas suffisamment de fonds pour payer M. Halstuck », écrit le syndic dans sa requête.

Arrivé à Montréal, il a fondé la firme Dover Financial avec l'aide de l'avocat de la famille de sa femme (Stern). L'entreprise Dover était alors incorporée aux Îles Turques et Caïques, un paradis fiscal des Antilles. À l'époque, les actions de l'entreprise Dover étaient détenues par un prête-nom, soutient le syndic.

Cette affaire a fait grand bruit dans la communauté juive orthodoxe, autant à Montréal, qu'à New York, en Israël ou au Royaume-Uni. Deux des fils de Perry Newman sont mariés avec des membres de la famille Galbut, qui a fait fortune dans l'immobilier aux États-Unis.