Nevenka Prijic est un phénomène rare : une designer de produits techniques, qui persiste dans le métier. Près de 30 ans après l'obtention de son bac en design industriel à l'Université de Montréal, elle continue à mettre les deux mains à la pâte de la conception de produit.

Après une carrière qui l'a conduite dans plusieurs bureaux de design montréalais réputés, elle est depuis neuf ans à l'emploi du fabricant d'intérieur d'avion C & D Zodiac, à Montréal. Il y a trois ans, alors que ses tâches s'approchaient dangereusement du marketing, elle a demandé à revenir au design à 100 %.

Elle a plus de 70 aménagements à son actif, principalement sur les appareils d'affaires de Bombardier.

Peu de domaines sont plus contraints par les codes et les normes que l'aéronautique. « Le plus grand défi, dit-elle, c'est de rester créative avec la connaissance de tous les critères qui nous encadrent, et de sortir malgré tout quelque chose de frais. »

C'est ce qu'elle a encore une fois démontré avec son dernier projet. Il s'agissait de repenser les sièges de première classe sur les appareils gros porteurs de Boeing et Airbus.

Le projet, sous forme de modèle vraie grandeur, a été présenté le 4 avril dernier au Aircraft Interior Expo de Hambourg, à peine six mois après la première rencontre de production.

Dans l'univers feutré de la première classe, les billets de 15 000 $ donnent droit à des minicabines individuelles, comme autant de nacelles où le siège s'étire pour se transformer en lit. L'idée : plutôt qu'être accrochés et alignés sur les parois de la carlingue, les compartiments à bagages sont suspendus au-dessus de chaque siège, maintenus par des mâts fuselés.

Les parois se trouvant ainsi entièrement dégagées, « l'effet d'ensemble crée une toute nouvelle impression dans la cabine, toute concentrée sur l'expérience et le confort du passager », décrit la designer.