Les filles seraient rebutées par la technologie ? Jessica Huneault est plongée dedans jusqu'aux oreilles. Diplômée en design industriel en 2010, elle travaille depuis dix mois pour Photon Etc., une petite entreprise en (très) haute technologie, spécialisée en appareils d'imagerie hyperspectrale. Ils analysent les matériaux les plus complexes, depuis les cellules photovoltaïques jusqu'aux biosenseurs sanguins. Ne vous en faites pas, elle non plus ne savait pas de quoi il s'agissait.

Il y avait de quoi être intimidée. À son arrivée, elle était la seule femme au milieu d'une vingtaine de techniciens et de scientifiques, dont plusieurs avaient fait des études post-doctorales.

Le plus difficile : comprendre comment les appareils sont utilisés. Et faire comprendre en quoi consiste son travail de designer, « pour qu'ils sachent quelle information me donner ».

Ce n'est pas qu'elle craint la technique : avant d'opter pour le design industriel, elle étudiait en technique de génie mécanique au Cégep du Vieux Montréal - la seule au milieu de 120 gars. Elle se décrit comme une designer de type « fonctionnel », qui « valorise l'expérience de l'utilisateur ».

Elle s'est d'abord fait les dents sur l'identité visuelle de Photon Etc. - fiche technique, logo, affiches, stand d'exposition. L'affiche a eu un impact inespéré. « Je me suis dit : on y touche, mon travail porte ses fruits, et ce n'est encore qu'au niveau graphique. »

Car depuis deux mois, elle travaille au boîtier d'un instrument d'analyse spectrale de matériaux. « Je m'assure que le boîtier procure une expérience optimale autant aux employés qui devront interagir avec l'appareils afin de l'assembler, de le calibrer que pour les clients qui l'utiliserons quotidiennement », explique-t-elle.

Son ébauche est déjà séduisante, en courbes fermes, sans mièvrerie. La technique rencontre l'humain.