Trois mois après que ses deux dirigeants eurent été arrêtés par l'escouade Marteau, l'entreprise de construction Infrabec est en faillite. Les 130 employés de la société se retrouvent donc au chômage et plusieurs chantiers d'infrastructure du Grand Montréal sont retardés.

Au début de mars, La Presse révèle qu'Infrabec s'est placée sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers. La Banque HSBC lui réclame le remboursement de plusieurs millions de dollars en prêts divers, à la suite de l'inculpation de ses administrateurs, Lino et Giuseppe Zambito.

Les deux hommes ont été arrêtés le 3 février avec l'ex-mairesse de Boisbriand, Sylvie St-Jean, ainsi que des employés de deux firmes de génie-conseil, Roche et BPR. Un autre ex-maire de Boisbriand, Robert Poirier, a été arrêté quelques semaines plus tard. Ils sont accusés d'avoir participé à un système de collusion en vue de partager des contrats municipaux.

«Je pense que notre banque a réagi trop vite, a dit M. Zambito au cours d'un entretien téléphonique. On a un droit fondamental au Canada, qui est la présomption d'innocence. Dans ce cas, la banque n'en a pas tenu compte, elle a bougé trop vite, elle a paniqué. Et ça nous a mis dans une situation précaire.»

Infrabec comptait 130 employés qui ont dû être remerciés, a indiqué l'homme d'affaires. Ses ennuis financiers ont aussi pénalisé les nombreux sous-traitants avec lesquels elle traite, car bon nombre de factures n'ont pu être payées.

Des chantiers retardés

En cessant ses activités, il y a quelques semaines, Infrabec a provoqué la paralysie d'une douzaine de chantiers dans la grande région de Montréal.

La Ville de Montréal avait mandaté l'entreprise pour installer un égout collecteur près du futur Centre universitaire de santé McGill (CUSM). Elle lui a également accordé un contrat pour le remplacement d'une conduite d'eau sous le boulevard Édouard-Montpetit, non loin de l'Université de Montréal.

Ces deux chantiers ont été retardés de deux mois, a indiqué la porte-parole de la Ville, Ève Carle, le temps que les compagnies d'assurances qui cautionnaient les contrats trouvent une firme pour terminer les travaux.

Entre-temps, l'échéancier d'un troisième chantier à la Ville de Montréal est remis en cause. Infrabec avait décroché un important contrat pour la réfection de la rue Sainte-Catherine Est, dans l'arrondissement de Mercier- Hochelaga-Maisonneuve. L'entreprise avait terminé la première phase du chantier, et elle devait entamer la seconde à la mi-avril selon M. Zambito, en mai selon Mme Carle.

On compte 55 marchands dans le secteur de Sainte-Catherine qui sera touché par le chantier. Et pour l'heure, ils ignorent quand les travaux vont recommencer.

«C'est encore le flou», a indiqué la directrice de la Société de développement commercial Promenade Ste-Catherine Est, Noémie Lucas.

Infrabec pilotait également la construction d'un échangeur le long de l'autoroute 640 à Saint-Eustache. Ce chantier est lui aussi sur la glace, a indiqué le porte-parole du ministère des Transports, Réal Grégoire, mais on ignore quelle sera l'ampleur du retard.

La faillite d'Infrabec n'entraînera pas de coûts supplémentaires pour la Ville, ni pour le Ministère, puisque les contrats publics de cette envergure prévoient le versement d'une caution pour parer à des imprévus, notamment à une faillite. Des compagnies d'assurances vont donc trouver de nouveaux entrepreneurs afin de terminer les travaux incomplets. Et selon Lino Zambito, les délais ne seront pas majeurs.

«En début de semaine, a-t-il indiqué, les nouveaux entrepreneurs vont être sur le terrain pour terminer nos contrats.»