Des éoliennes miniatures en pleine action. Des cylindres desquels émanent de drôles de lueurs bleutées destinées à traiter l'eau. Des panneaux solaires, des fosses septiques nouveau genre, des «réacteurs biologiques à média fluidisé»: le Palais des congrès de Montréal s'est transformé en foire du gadget vert cette semaine pour Americana, le salon international des technos environnementales. Et les entreprises québécoises en ont fait leur terrain de chasse.

Hélène Pagé, vice-présidente au développement de marchés de Gedden, petite boîte de Beloeil, fait partie de ceux qui traquaient le partenaire d'affaires hier parmi les 8000 participants provenant de 50 pays débarqués à Montréal pour l'occasion.

Gedden vise les entreprises qui souhaitent réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, mais ne génèrent pas assez de crédits de carbone pour les vendre sur le marché.

«Aujourd'hui, à cause des frais associés, il faut générer beaucoup de tonnes de réduction de CO2 pour que ça vaille la peine de vendre des crédits. Notre objectif est de rendre le marché du carbone accessible aux petits émetteurs», explique Mme Pagé.

L'entreprise de 10 employés a créé une plateforme capable de regrouper les réductions de plusieurs petits émetteurs, puis de les vendre sur le marché volontaire. Gedden redistribue ensuite les profits selon les efforts faits par chacun.

Le produit est actuellement en lancement, et Mme Pagé a profité des activités de jumelage organisées par le salon Americana pour tenter d'intéresser des partenaires européens et sud-américains.

«Le jumelage est très intéressant, dit-elle. On rencontre des consulats et des ambassades étrangers pour comprendre la dynamique des différents marchés. Et on rencontre des entreprises qui offrent déjà des services dans le domaine du développement durable pour voir si elles sont intéressées à offrir le nôtre.»

Plus de 800 rencontres

Ces rencontres se déroulent dans un cadre bien défini. Americana a sondé à l'avance les intérêts des entreprises participantes, puis a suggéré des rencontres entre celles susceptibles de brasser des affaires ensemble. Deux entreprises qui confirment leur intérêt l'une envers l'autre forment un match parfait; quand ça se produit, on envoie leurs représentants se parler autour d'une table située dans une section spéciale du salon qui bourdonnait d'activité, hier.

En trois jours, plus de 800 rencontres semblables sont au programme. Les petites boîtes y sont particulièrement actives, mais les grandes ne sont pas en reste. SCN-Lavalin, par exemple, a dépêché un vice-président qui passera les trois jours de l'événement dans ces rencontres éclair.

«Je suis booké du matin au soir, j'ai des réunions continuellement», lance l'homme en question, Jean-Luc Allard, vice-président de la division Environnement chez SNC.

«Pour moi, la personne idéale à rencontrer, c'est un client qui a un problème qu'on est capable de résoudre», dit M. Allard, qui n'était pas encore tombé sur la perle rare hier midi. Peu importe: en attendant, il était loin de perdre son temps.

«Tantôt, j'ai rencontré un monsieur de l'Angleterre qui a une nouvelle technologie pour décontaminer les sols. C'est intéressant. J'ai rencontré des Mexicains qui font des panneaux solaires - on en a besoin dans certains projets, donc c'est bien de rencontrer de nouveaux fournisseurs. On veut toujours connaître ce qui se passe dans le marché.»

Entre les entrepreneurs, des délégués de tous les pays s'activaient aussi à tisser des liens.

«J'ai huit rendez-vous avec des entreprises québécoises qui voulaient nous rencontrer. Ils nous expliquent quels sont leurs besoins pour le marché français, puis je retourne en France et je fais les recherches - recherche d'un distributeur, d'un partenaire, de documentation», explique Christiane Demoulin, attachée aux affaires économiques et commerciales pour la délégation générale à Paris du gouvernement du Québec.

Réseau environnement, qui organise le salon Americana tous les deux ans depuis 1995, affirme que les activités de jumelage ont conduit à des retombées économiques de 60 millions de dollars pour les entreprises participantes.