Près de 320 milliards de dollars canadiens d'ici 10 ans: c'est la petite fortune que compte investir le Royaume-Uni dans ses infrastructures électriques à la suite du «plan carbone» annoncé par le gouvernement de David Cameron, il y a deux semaines. Et les entreprises québécoises de technologies propres ont bien l'intention de tirer profit de cette manne.

Représentants du gouvernement britannique, d'entreprises du pays de Sa Majesté et de PME québécoises se sont réunis hier dans un hôtel de Montréal pour voir comment les entreprises de technologies propres du Québec peuvent bénéficier des investissements verts appelés à pleuvoir sur le Royaume-Uni dans les prochaines années. La rencontre a été organisée en marge de la conférence Americana sur les technologies environnementales qui démarre aujourd'hui à Montréal.

«Le plan carbone britannique a été rendu public le 8 mars. Et moi, je veux que les entreprises québécoises soient les premières à avoir l'information, pour qu'elles soient les premières à s'organiser et être les premières à décrocher les contrats», a expliqué hier Denis Leclerc, président d'Écotech Québec - grappe des technologies propres de la province qui a organisé la rencontre.

Le document indique la façon dont le gouvernement Cameron compte atteindre ses objectifs de réduction de gaz à effet de serre (GES) de 34% d'ici à 2020 et de rien de moins que 80% d'ici à 2050 par rapport aux niveaux de 1990. Sans surprise, l'accent sera mis sur la production d'énergie propre et l'efficacité énergétique. Or, un tiers des quelque 400 entreprises de technologies propres du Québec répertoriées par Écotech Québec travaillent dans ces secteurs.

«Je crois qu'il y a de belles occasions de partenariats et de collaboration», a dit Michael Talbot, conseiller principal du plan pour une économie à faible émission de carbone au gouvernement britannique.

Luis Melgares, directeur au développement des affaires pour la boîte québécoise Strato, aide les entreprises à optimiser leurs activités de chauffage, de climatisation et de ventilation.

«Ça fait longtemps qu'au Québec, nous, les entreprises, disons: ça nous prend un cadre réglementaire strict pour obliger le changement de philosophie, a dit M. Melgares. Eux l'ont déjà, et ça engendre des occasions.»

Pierre Blanchet, lui, songe à se lancer en affaires avec le prototype «d'hydrolienne de rivière» qu'il a mis au point au sein de l'incubateur technologique de l'École de technologie supérieure. L'idée: une petite turbine hydroélectrique destinée à alimenter un chalet situé trop loin du réseau d'Hydro-Québec, par exemple. Il a quitté son labo quelques heures hier pour venir entendre parler du plan vert britannique.

«On parle à ces gars-là et ils ont de l'argent, ils sont réveillés et ils ont compris que la prochaine vague économique, c'est le clean tech», s'est-il enthousiasmé.

Des offres d'affaires ont carrément été lancées hier. Crown Bio Technology, entreprise britannique qui utilise des bactéries pour détecter des contaminants dans le sol, se cherche par exemple un partenaire pour distribuer sa technologie au Québec et en Ontario. Avis aux intéressés.

Mais il n'y avait pas que des PME à la rencontre. Hélène Lauzon, vice-présidente aux affaires publiques, communications et affaires sociales chez Bombardier Aéronautique, est venue témoigner de l'effet des lois britanniques sur les entreprises.

Bombardier, qui possède d'importantes installations à Belfast, a avoué qu'elle a avalé de travers la première fois qu'elle a dû payer pour compenser ses émissions de carbone.

«On ne trouvait pas que c'était de l'argent très bien investi, a lancé Mme Lauzon. Alors, on a revu nos processus et on a réduit nos émissions - si bien que l'année suivante, on avait des crédits à vendre.» Bombardier a ensuite étendu le processus à l'ensemble de ses usines dans le monde, réduisant grandement sa facture d'électricité.

«La menace a été l'élément déclencheur qui a conduit à une occasion», a-t-elle résumé.