Après avoir demandé l'an dernier à ses sociétés d'État de se serrer la ceinture pour contribuer à l'élimination du déficit, le gouvernement Charest a récolté des résultats étonnants: Loto-Québec a obtenu le double des économies attendues et la Société des alcools, le triple!

Mieux encore, la réduction des coûts de fonctionnement à la SAQ, à Loto-Québec et à Hydro-Québec devrait quintupler d'ici deux ans. Y a-t-il tant de gras dans nos sociétés d'État?

Non, répondent les principaux intéressés, mais...

«Il y a toujours moyen de s'améliorer», rétorque la porte-parole de la SAQ, Isabelle Merrizi.

En même temps, la SAQ a continué d'accroître sa rentabilité. Après trois trimestres, son bénéfice net est en hausse de 5,7% par rapport à celui de l'an denier.

Efforts dans les succursales

À la SAQ, on explique que la rationalisation des dépenses a commencé bien avant que le ministre des Finances le demande expressément dans son budget de l'an dernier. «On avait pris de l'avance», explique la porte-parole.

Les économies proviennent surtout des efforts réalisés dans les succursales, plus particulièrement dans la gestion des horaires des employés, ainsi que dans la manutention des produits.

La SAQ suit aussi de près l'évolution des ventes au pied carré et corrige le tir régulièrement.

Ce processus continu fera en sorte, par exemple, qu'une dizaine des 414 succursales fermeront leurs portes d'ici la fin de 2012, dont celles du Forum Pepsi et du Westmount Square, à Montréal.

Ces efforts ont fait en sorte que le coût de chaque dollar de vente est passé de 24 cents à 18 ou 19 cents, résume Isabelle Merrizi.

La SAQ ne prévoit pas avoir de mal à économiser encore 25 millions d'ici deux ans pour atteindre la cible de 50 millions fixée par le gouvernement.

Loto-Québec, de son côté, doit composer avec une rentabilité déclinante. Après trois trimestres, son bénéfice net est en baisse de 4,2%.

Malgré tout, Loto-Québec a aussi généré plus d'économies que prévu cette année. Ses coûts de fonctionnement ont diminué de 11,3 millions, ou 1,3%, alors que le ministre des Finances attendait 5 millions.

Jean-Pierre Roy, porte-parole de Loto-Québec, explique que les frais de voyage, les dépenses de publicité d'entreprise et de formation des employés ont été réduits de 25%, ce qui s'est traduit par des économies de 1,6 million.

Loto-Québec a elle aussi pris les devants sur les objectifs fixés par le gouvernement en réduisant ses dépenses administratives. La société d'État a éliminé la télédiffusion des tirages à la télé, par exemple, et réduit son effectif, notamment au casino de Mont-Tremblant.

D'ici deux ans, Loto-Québec doit encore trouver 38,7 millions d'économies, pour un total de 50 millions.

Hydro-Québec est la plus grande des sociétés d'État québécoises. C'est aussi celle qui doit fournir la plus importante réduction de dépenses. Pour l'année qui se termine, Hydro a obtenu 25 millions d'économies, ou 1% de ses dépenses d'exploitation, exactement la somme attendue par le ministre des Finances. Le plus gros est à venir. D'ici deux ans, Hydro doit rogner encore 225 millions, pour atteindre l'objectif de réduction de 10% de ses dépenses.

Au total, le gouvernement attend des économies de 530 millions d'Hydro-Québec, de Loto-Québec et de la SAQ, soit cinq fois plus que les 106,6 millions qui ont déjà été obtenus.