Compte tenu de la force du dollar canadien et de la reprise amorphe aux États-Unis, les entreprises québécoises doivent s'intéresser davantage à l'Ontario et au reste du Canada, soutient le ministre du Développement économique, Clément Gignac.

«Avec la révision du modèle d'affaires aux États-Unis, qui était basé sur la consommation et l'endettement, et la montée du dollar canadien, il est évident que le commerce est-ouest va prendre encore plus d'importance, même s'il ne faut pas négliger les marchés internationaux», a déclaré M. Gignac au cours d'un entretien téléphonique accordé à La Presse Canadienne en vue du premier sommet économique Québec-Ontario, qui se déroulera lundi à Toronto.

L'événement, que coprésideront Clément Gignac et son homologue de l'Ontario, Sandra Pupatello, doit permettre d'identifier des initiatives pour favoriser le commerce entre les deux provinces, qui constituent la quatrième zone économique en importance en Amérique du Nord, derrière la Californie, la Floride et le pôle New York-Boston.

Même si l'Ontario et le Québec ont conclu en septembre 2009 un accord de commerce et de coopération, des obstacles administratifs continuent d'entraver les échanges entre les deux provinces.

Les deux ministres aborderont également les façons d'attirer des investissements sur leurs territoires. Dans la foulée de la récente récession, qui l'a durement affectée, l'Ontario courtise plus activement qu'auparavant les entreprises. Le Québec doit donc mettre les bouchées doubles pour rester dans la course.

«S'ils copient le modèle québécois, on ne s'en plaindra pas», a toutefois lancé M. Gignac.

Aide aux entreprises

Le hic, c'est que dans le cadre du plan de retour à l'équilibre budgétaire, le ministre s'est engagé à revoir les programmes d'aide aux entreprises, qui coûtent chaque année pas moins de 3,5 milliards $ à Québec, principalement sous la forme de crédits d'impôt. On s'attend à des annonces dans le budget, le mois prochain.

«Ça sera peut-être des interventions moins importantes en termes de subventions, a affirmé Clément Gignac. C'est peut-être plus en garanties de prêt qu'on devrait accompagner les entreprises. Ça va être plus encadré que ce qu'on a fait dans les deux dernières années.»

Pendant la récession, Québec a accru son aide aux entreprises, notamment par le biais du programme Renfort, qui a pris fin en décembre. M. Gignac veut maintenant «resserrer» les 16 programmes d'aide restants.

«Si on peut être encore plus efficaces (...) et faire des ajustements, on va le faire», a-t-il dit.

Pas question, cependant, de sabrer massivement dans l'aide aux entreprises.

«Quand on a un dollar qui dépasse la parité, ce qui est une première au sortir d'une récession, et qu'on a des États au sud de la frontière qui sont très, très combatifs pour attirer des entreprises, il faut qu'on ait des armes pour pouvoir se battre», a souligné le ministre.

À ses yeux, une aide financière en vaut le coup lorsqu'elle permet aux contribuables de récupérer leur mise, par la perception d'impôts et de taxes, en cinq ans ou moins - 10 ans dans les secteurs de l'aéronautique ou des sciences de la vie.

Parmi les participants au sommet de lundi, signalons la présidente de la Fédération des chambres de commerce du Québec, Françoise Bertrand, et son homologue ontarien, Len Crispino, le professeur d'économie Pierre Fortin, le président de Pfizer Canada, Paul Lévesque, la principale de l'Université McGill, Heather Munroe-Blum, ainsi que le président de l'Institut national d'optique, Jean-Yves Roy.