Si le Québec domine l'industrie canadienne de l'aéronautique, il fait du surplace ou perd carrément du terrain dans le secteur spatial.

Seulement 810 personnes travaillaient dans le secteur spatial au Québec en 2009, une maigre proportion de 11% de l'ensemble de l'effectif du pays. Par comparaison, 4997 personnes travaillaient dans le secteur spatial en Ontario, soit 66% de l'effectif national.

Il s'agit là des chiffres les plus récents colligés par l'Agence spatiale canadienne dans un document sur l'état du secteur spatial canadien, rendu public la semaine dernière. L'agence a réalisé cette étude à partir d'un sondage mené auprès de plus de 200 entreprises privées, organismes de recherche et universités au pays.

Le nombre de personnes qui travaillent dans le secteur spatial au Québec a légèrement diminué par rapport à 2008. Mais ce qui est plus préoccupant, c'est qu'il a carrément chuté au cours des dernières années. En 1997, il y avait presque deux fois plus de Québécois qui travaillaient dans le secteur spatial, 1534 personnes, grâce notamment à l'essor des télécommunications par satellite. Ils représentaient alors 29% de l'ensemble des effectifs du pays.

En 2004, il y avait encore 1477 Québécois qui travaillaient dans le secteur spatial.

Le vice-président et directeur général de MDA Systèmes satellitaires (l'ancienne Spar Aerospace), Marc Donato, a rappelé que le marché mondial de télécommunications par satellite s'était effondré après 2004. Les installations de Sainte-Anne-de-Bellevue avaient alors perdu 200 personnes.

Le Québec a une légère consolation: en 2009, 70% des Québécois qui travaillaient dans le secteur spatial occupaient un poste hautement qualifié, soit un poste d'ingénieur, de scientifique ou de technicien. Cette proportion n'atteignait pas 44% pour l'Ontario.

Autre consolation: 2010 et 2011 s'annoncent meilleures.

«Chez nous, ça va bien, nous frisons les 600 employés, alors que nous n'en avions que 275 il y a cinq ou six ans», a fait remarquer M. Donato au cours d'un entretien téléphonique.

Les revenus du secteur spatial québécois ont augmenté de 26% en 2009 pour atteindre 217 millions de dollars en 2009. Cela ne représente toutefois que 7,2% des revenus de l'ensemble de l'industrie canadienne. L'Ontario domine confortablement le secteur, avec des revenus de près de 2,1 milliards de dollars, près de 69% des revenus de l'ensemble de l'industrie canadienne. Le Québec traîne également la patte derrière les provinces de l'Atlantique, qui ont récolté 10,4% des revenus nationaux, et les provinces des Prairies, qui en ont récolté 7,7%.

Depuis 2005, les revenus de l'industrie spatiale québécoise ont chuté de 41%.

Il est intéressant de constater que 77% des revenus de l'industrie québécoise proviennent de l'exportation. Pour l'Ontario, cette proportion n'est que de 39%. L'industrie spatiale ontarienne tire donc la majorité de ses revenus du marché intérieur, qu'il s'agisse du secteur privé ou du secteur gouvernemental.

En fait, l'industrie spatiale canadienne tire l'essentiel de ses revenus internes de sources privées. Ces revenus sont surtout liés aux télécommunications par satellite. Le gouvernement canadien joue un petit rôle, surtout l'Agence spatiale canadienne. Or, l'Ontario continue à s'accaparer la part du lion des contrats de l'agence.

Entre avril 1988 et mars 2010, l'Ontario a obtenu 46,3% de ces contrats, alors que le Québec n'en a obtenu que 28,2%. L'Agence spatiale canadienne n'a jamais réussi à atteindre les cibles qu'elle s'était fixées en fait de distribution régionale, soit 35% des contrats pour l'Ontario, 35% pour le Québec et 10% pour chacune des trois autres grandes régions (les provinces de l'Atlantique, les provinces des Prairies et la Colombie-Britannique).

Par ailleurs, dans un rapport publié la semaine dernière, une firme de consultation spécialisée dans le secteur spatial, Euroconsult, a soutenu que les investissements des États dans ce secteur allaient connaître un fort ralentissement au cours des cinq prochaines années. La firme s'attend à ce que cette pression budgétaire incite plusieurs pays à favoriser les projets de coopération internationale.