Yves Mercure a quitté subitement hier son poste de président de la FTQ-Construction, quelques jours après avoir déclaré dans les médias que le crime organisé était «partout» dans l'industrie de la construction. Ses propos avaient suscité surprise et colère dans les milieux syndicaux.

Par voie de communiqué, Yves Mercure rappelle qu'il avait fait part, lors de la dernière réunion du bureau de direction de la FTQ-Construction, à la fin de l'an dernier, de son intention de ne pas briguer un nouveau mandat.

«Pendant la période des Fêtes, ma réflexion s'est poursuivie, écrit-il. Je me suis rendu compte, pour ma santé et pour pouvoir me consacrer à ma famille ainsi qu'à ma Fraternité comme je le désire, que je devais devancer mon départ.»

Dans l'entrevue qu'il a accordée à Radio-Canada le 17 janvier, Yves Mercure avait pourtant indiqué qu'il terminerait son mandat. Il explique ainsi ce revirement de situation: «Je désirais ainsi, par respect de nos institutions, de nos membres et du personnel de la Fraternité, les informer de mon départ immédiat en premier.»

Polémique

Au cours de cette entrevue, ainsi que d'une autre accordée à La Presse le même jour, Yves Mercure avait déclaré que le blanchiment d'argent était courant dans le secteur de la construction, tout en soutenant qu'il n'y avait pas plus de corruption dans son syndicat qu'ailleurs.

Ses propos avaient fait bondir les autres centrales, en particulier la CSN-Construction: «Si M. Mercure considère qu'il doit faire le ménage dans son organisation, c'est son affaire, avait réagi Aldo Miguel Paolinelli, président de la CSN-Construction. Nous n'avons rien à voir avec le banditisme.»

La FTQ-Construction avait tenté d'éteindre rapidement l'incendie en expliquant que les propos de son président avaient été mal interprétés. Celui-ci aurait simplement voulu dire que personne n'était à l'abri de l'infiltration du crime organisé.

Une source interne à la FTQ-Construction assure que le départ anticipé d'Yves Mercure n'a rien à voir avec cette controverse et qu'il serait même très serein à ce sujet.

Règne controversé

Son règne a été marqué par plusieurs controverses. Rappelons qu'il était vice-président du bureau de direction lorsque le scandale des factures de Jocelyn Dupuis, alors directeur général, a éclaté. Yves Mercure aurait proposé au comité de direction de congédier Ken Pereira, celui-là même qui avait dénoncé l'affaire à l'émission Enquête de Radio-Canada.

Depuis, Jocelyn Dupuis a été accusé de fraude et arrêté par la Sûreté du Québec. Son procès aura lieu bientôt. Quant à Ken Pereira, il a mis en demeure Yves Mercure et Michel Arsenault de lui verser 600 000$ notamment à titre de dommages moraux et exemplaires.

C'est Arnold Guérin, directeur général et secrétaire financier de la FIPOE (Fraternité interprovinciale des ouvriers en électricité) qui assure l'intérim jusqu'au prochain congrès. Yves Mercure conserve son siège à la direction de la centrale ainsi qu'à la présidence de la Fraternité nationale des charpentiers-menuisiers.