Ébranlé par l'annonce surprise d'Electrolux de fermer son usine de L'Assomption, le ministre du Développement économique, Clément Gignac, mettra les bouchées doubles à Davos, cette semaine, pour s'assurer qu'aucune autre multinationale présente au Québec ne prépare un coup pareil.

«On veut voir ce qui en est de la pérennité de ces usines-là avec un dollar canadien qui est à parité», a déclaré le ministre au cours d'un entretien téléphonique avec La Presse Canadienne.

«On a souvent déjà une assez bonne idée via les dirigeants des filiales ici au Québec, mais quand même, il faut tirer les leçons d'Electrolux, a-t-il ajouté. Il n'y a rien de mieux que d'avoir des rencontres en tête à tête avec des dirigeants du siège social.»

C'est justement ce que permet la réunion annuelle du Forum économique mondial (WEF), qui se tiendra du 26 au 30 janvier dans les Alpes suisses.

M. Gignac a récemment commandé à son ministère et à Investissement Québec un rapport sur la situation des usines de plus de 100 employés appartenant à des intérêts étrangers. Si certaines d'entre elles ont besoin d'aide pour maintenir leurs activités au Québec ou les accroître, le gouvernement verra ce qu'il peut faire.

Dans le cas précis d'Electrolux, Québec a demandé à la haute direction de l'entreprise suédoise la tenue d'une rencontre à Stockholm. Le gouvernement veut d'abord qu'on lui explique la fermeture de l'usine de L'Assomption, qui fera perdre leur emploi à quelque 1300 travailleurs en 2013. On cherchera ensuite à convaincre Electrolux de revenir sur sa décision ou, à tout le moins, de maintenir une partie de ses activités au Québec.

Rappelons que Jacques Daoust, le pdg d'Investissement Québec, avait rencontré des hauts dirigeants d'Electrolux à Stockholm en avril 2010 et que ceux-ci n'avaient aucunement évoqué le scénario de fermeture à L'Assomption.

Attirer des investissements

À Davos, Clément Gignac accompagnera le premier ministre Jean Charest et M. Daoust d'Investissement Québec. En plus de chercher à se faire «rassurer» sur la présence à long terme au Québec des entreprises étrangères qui y sont implantées, ils tenteront d'en attirer de nouvelles.

Une trentaine de tête-à-tête sont programmés avec des gens d'affaires et des leaders politiques, qui sont plus accessibles à Davos qu'à tout autre moment dans l'année. Comme d'habitude, il ne faut pas s'attendre à des annonces d'investissement. Ce qui ne signifie pas que le sommet est inutile, insiste M. Gignac.

«Davos, c'est l'occasion d'ouvrir des dossiers ou de les faire cheminer de la première à la deuxième vitesse», illustre-t-il.

M. Charest, un habitué de la grand-messe helvétique, prendra la parole dans deux ateliers: l'un sur la rétention de la main-d'oeuvre et un autre sur le développement durable.

Autres Canadiens présents

Parmi les autres Québécois qui participeront au sommet de Davos, on note la présidente du Mouvement Desjardins, Monique Leroux, ainsi que le président du conseil d'administration de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Robert Tessier, en remplacement du chef de la direction, Michael Sabia, qui ne pourra pas se rendre en Suisse en raison d'un horaire trop chargé.

Trois ministres représenteront le gouvernement fédéral: Jim Flaherty (Finances), Tony Clement (Industrie) et Peter Van Loan (Commerce international), sans oublier le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney. Contrairement à l'an dernier, le premier ministre Stephen Harper sera absent.

Sous le thème «Des normes communes pour la nouvelle réalité», la 41e réunion annuelle du WEF fera converger à Davos plus de 2500 représentants d'entreprises, de gouvernements et d'organismes divers, issus de 100 pays.

Jamais à court de projets pompeux, le WEF promet cette année le lancement d'un «réseau de réponse aux risques» qui prendra la forme d'un «mécanisme permettant aux responsables des secteurs public et privé de reconnaître les risques systémiques et de les atténuer avant qu'une situation de crise n'éclate».

Parmi les têtes d'affiche du sommet, signalons le président russe Dmitri Medvedev, qui prononcera le discours d'ouverture, ainsi que la chancelière allemande Angela Merkel, le président français Nicolas Sarkozy, le premier ministre britannique David Cameron et le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner.

Dans le but d'accroître la participation féminine à l'événement, le WEF a décidé d'agir. Pour la première fois cette année, il a demandé à une centaine de grandes entreprises d'inclure au moins une femme dans chaque groupe de cinq dirigeants composant leurs délégations.