Les propriétaires de Ski Sutton cherchent des successeurs ayant les moyens d'investir quelques millions de dollars pour moderniser des éléments-clés de la vénérable station des Cantons-de-l'Est.

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Un acheteur pourrait aussi relancer l'agrandissement d'un domaine skiable réputé pour son enneigement et ses sous-bois, mais qui n'est encore développé qu'au quart de sa capacité.

«La famille fondatrice de Ski Sutton - les Boulanger - recherche des acquéreurs potentiels pour la station depuis un certain temps. Et s'ils n'ont pas d'échéancier précis, les Boulanger souhaitent obtenir des propositions pour susciter une nouvelle phase de développement de la station», indique Jean-Michel Ryan, directeur général de Ski Sutton.

Mais quel prix pour cette station a célébré, l'an dernier, son 50e anniversaire?

Surtout que l'avenir d'une autre station de ski d'importance en Estrie, Mont-Orford, s'enlise dans les tergiversations d'un projet de partenariat d'affaires public-privé avec les autorités régionales.

«Orford et Sutton sont dans des situations très différentes. Orford est gérée comme une société gouvernementale habituée à faire des déficits, alors que Sutton est gérée de façon plus serrée et traditionnelle par sa famille fondatrice et ses associés», selon M. Ryan.

Le président-directeur général de la station, Benoît Boulanger, n'était pas disponible pour répondre aux questions de La Presse Affaires, hier.

À l'instar des autres stations au Québec, la valeur de rachat de Ski Sutton repose davantage sur sa réputation et son potentiel de développement que sur ses résultats financiers d'exploitation à court terme.

L'examen des plus récents «rapports de gestion» de Ski Sutton montre une entreprise avec un chiffre d'affaires ayant oscillé entre 5,3 millions et 6,2 millions de dollars depuis trois ans.

Son résultat net a varié considérablement d'une perte de 81 000$ à l'exercice 2008-2009 à un profit de 368 000$ en 2009-2010, une très bonne année au chapitre de l'affluence de la clientèle.

Un autre bon exercice s'annonce d'ailleurs à Ski Sutton pour la saison 2010-2011 en cours. «Nous avons un excellent début de saison avec une neige abondante jusqu'à maintenant. Les résultats d'exploitation s'annoncent très positifs», dit Jean-Michel Ryan.

Quant au bilan de Ski Sutton, les plus récents chiffres au 30 septembre dernier font état d'un avoir net d'à peine 749 000$, ce qui représente la différence entre l'actif de 4,67 millions et le passif de 3,9 millions.

Ces chiffres sont extraits des «rapports de gestion» que doit déposer Ski Sutton auprès de l'Autorité des marchés financiers (AMF) en raison de son nombre d'actionnaires privés.

Cela dit, le rachat éventuel de la station de ski Sutton a déjà suscité des propositions de la part d'investisseurs potentiels et de promoteurs immobiliers.

Une telle transaction éventuelle est aussi un sujet de rumeurs récurrentes dans la petite localité adjacente du même nom.

«Nous savons que la famille Boulanger veut se départir de Ski Sutton, mais pas à n'importe quelles conditions. Cette station de ski est un moteur économique essentiel pour notre localité», commente Laval Perreault, conseiller municipal d'expérience à Sutton, en l'absence du maire Pierre Pelland.

Selon divers informateurs, la plus récente proposition déposée auprès des propriétaires de Ski Sutton remonte à l'été dernier.

Elle provenait d'un homme d'affaires montréalais, Dominic Voyer, qui s'est présenté auprès de la famille Boulanger comme représentant d'un groupe d'investisseurs. Mais sa proposition préliminaire est demeurée sans suite concrète.

Même scénario en ce qui concerne les ambitions envers Ski Sutton, médiatisées l'an dernier par Luc Poirier, promoteur immobilier de Longueuil alors connu comme le «millionnaire d'Occupation double», une téléréalité.

Après avoir déclaré à certains médias être prêt à investir des millions dans Ski Sutton et des projets immobiliers adjacents, Luc Poirier n'a jamais donné suite à ses ambitions avec une proposition concrète à la famille Boulanger et à ses associés.