Les entreprises devront bientôt participer à des enchères pour exploiter la forêt publique québécoise. Québec a annoncé hier la mise sur pied du Bureau de mise en marché du bois (BMMB).

«Ça va permettre de vendre le bois à juste prix», espère la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau.

À partir d'avril 2013, le BMMB mettra aux enchères de 20 à 25% de la forêt publique pouvant être exploitée. Cela équivaut à près de six millions de mètres cubes.

Ces enchères remplaceront donc en partie les contrats d'approvisionnement et d'aménagement forestier (CAAF). Mme Normandeau indique qu'elle ne pouvait pas complètement abolir les CAAF. «C'aurait créé trop d'incertitude», explique-t-elle. Les CAAF durent 25 ans, tandis que les enchères donnent droit à un lot pour seulement cinq ans. «On trouve que 25% de contrats à courte durée, ça crée quand même trop d'incertitude», dit André Tremblay, PDG du Conseil de l'industrie forestière.

Un minimum de trois entreprises devront miser pour une enchère. Celle qui gagne doit couper le bois en deux ans. Avec les CAAF, les entreprises devaient réaménager la forêt coupée. Ce ne sera plus le cas avec les enchères. Le gouvernement devra s'en charger lui-même.

Le BMMB sera dirigé par Mario Guibeault, ancien directeur général de la gestion du milieu forestier au ministère des Ressources naturelles. Il doit être indépendant. Il sera doté d'un pouvoir d'enquête et pourra annuler une vente s'il a des soupçons raisonnables de collusion. Son budget annuel s'élèvera à 12 millions de dollars. De 50 à 70 postes seront créés.

Négociations sur le bois d'oeuvre

Québec espère ainsi se donner des munitions pour les prochaines négociations avec les États-Unis sur le bois d'oeuvre. Les Américains souhaitaient que Québec abandonne les CAAF, qui constituaient selon eux une concurrence déloyale. «On espère que ça nous aidera lors des prochaines négociations», indique Mme Normandeau.

Les entreprises étrangères pourront miser aux enchères. Mais la ministre estime que peu d'entre elles le feront, à cause des coûts élevés de transport. Elle ajoute que les entreprises qui gagnent une enchère devront obligatoirement transformer le bois au Québec.

Seulement 200 des 400 entreprises forestières avaient accès aux CAAF. De petits entrepreneurs, comme des fabricants de moulures qui ajoutent une valeur au bois, étaient écartés. «Je trouvais cela extrêmement frustrant», lance la ministre Normandeau. M. Tremblay reste toutefois sceptique. «Je ne crois pas qu'un entrepreneur va investir beaucoup si son approvisionnement n'est pas garanti pour plusieurs années», réplique le PDG du Conseil de l'industrie forestière.

D'ici 2013, le BMMB mettra une quinzaine de lots aux enchères afin «d'ajuster ses façons de faire» avant de devenir officiellement opérationnel.