Difficile d'examiner le contexte des fusions et acquisitions (F&A) d'entreprises en omettant des ratés d'envergure survenus en 2010.

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Dans le commerce de détail, le géant québécois des dépanneurs, Alimentation Couche-Tard, a dû abandonner ce qui s'annonçait comme la plus grosse acquisition de son histoire.

Il s'agissait d'une offre d'achat de près de 2 milliards US pour le détaillant Casey's en Iowa, qui détient 1500 dépanneurs dans le Midwest.

Avec cette acquisition, Couche-Tard serait passé au premier rang pour le nombre de dépanneurs aux États-Unis, devant son rival 7-Eleven.

Mais son offre pour Casey's lancée en avril s'est empêtrée dans une bataille rangée avec ses dirigeants, qui sont parvenus à garder l'appui des actionnaires.

Cinq mois plus tard, en octobre, Couche-Tard a jeté l'éponge.

Partie remise en 2011? Pour le moment, le président de Couche-Tard, Alain Bouchard, indique que les acquisitions ne sont pas «la seule façon de grandir et de créer de la valeur».

Par ailleurs, parmi les plus gros ratés en F&A au Canada en 2010, deux étaient d'une ampleur historique dans leur secteur. Et ils ont échoué à la suite d'interférences politiques.

En tête de liste, on retrouve l'offre d'achat de 39 milliards du géant minier australien BHP Billiton pour la canadienne Potash, premier producteur mondial de potasse pour l'industrie des fertilisants agricoles.

L'offre annoncée en août a suscité un regain d'intérêt international envers le secteur minier canadien, ce qui a comblé ses actionnaires.

Mais elle a aussi déclenché une controverse au Canada à propos de la perte de contrôle sur l'exploitation d'une ressource pratiquement unique au monde.

Finalement, en novembre, après maintes critiques favorables et défavorables, le gouvernement conservateur à Ottawa a bloqué l'offre pour Potash.

Il a aussi lancé une révision des règles canadiennes sur les investissements étrangers, qui permettent au gouvernement de bloquer toute transaction de plus de 299 millions.

Ces règles devraient-elles être plus ou moins permissives? Et selon quels critères?

Un projet de loi fédéral est attendu dans quelques mois.

Par ailleurs, c'est au Québec qu'est survenu l'autre gros raté de F&A en 2010 attribué à un blocage politique.

Il s'agit du projet d'achat d'Énergie Nouveau-Brunswick par Hydro-Québec, pour une somme négociée de 4,8 milliards.

Avec cette acquisition, Hydro-Québec voulait grossir son marché d'électricité vers les Maritimes, tout en augmentant ses capacités d'interconnexion avec les États voisins du nord-est américain.

Mais dès l'annonce de l'offre, en octobre 2009, les opposants se sont vite mobilisés au Nouveau-Brunswick et dans les Maritimes.

Et malgré une version diluée du projet, le gouvernement d'alors à Fredericton, dirigé par le libéral Shawn Graham, a été forcé de l'annuler en mars 2010.

Six mois plus tard, en septembre, son gouvernement a été défait aux urnes. Et en novembre, M. Graham quittait la politique.