Comme tous les ans, la première bordée de neige de la saison a fait tourner le Québec au ralenti cette semaine. Et ce n'est qu'un début: 30 centimètres additionnels sont attendus d'ici quatre jours. Comment les entreprises, publicitaires et consommateurs affrontent-ils... la tempête? Tour d'horizon économique de la question.

Des heures de pointe infernales, des écoles fermées, des transports en commun bondés, les employeurs doivent composer avec un sursaut d'absentéisme lorsque l'hiver cogne à la porte. Doivent-ils se doter d'un plan neige pour autant? En fait, disent les experts, les entreprises sont déjà fort bien rodées pour faire face aux tempêtes.

Si le ciel nous tombe sur la tête, la Banque Nationale sera prête. Elle s'est dotée d'une stratégie de relève pour maintenir son service à la clientèle et ses opérations internes en cas d'événements météorologiques majeurs. Quand la prochaine tempête du siècle montrera ses premiers flocons, une cellule de crise sera mobilisée pour identifier différentes mesures préventives.

L'institution financière compte plusieurs employés qui travaillent de la maison. Elle pourra demander à ceux qui le font de manière occasionnelle de rester chez eux. Si des succursales sont forcées de fermer, un plan de communication permettra d'informer la clientèle des guichets se trouvant à proximité.

On a également identifié des «employés-clés» qu'il faudra garder en contact avec le bureau coûte que coûte. Et si la catastrophe est totale, on pourra toujours déléguer des responsabilités à Toronto, où la Banque Nationale a d'autres bureaux.

Cette stratégie fait partie d'un plan plus vaste sur les mesures d'urgence en cas de désastre naturel. Mais elle n'a pas eu à l'utiliser bien souvent. Pour tout dire, les tempêtes comme celle qui a déferlé sur Montréal cette semaine ont un impact assez mineur sur l'entreprise.

«Si l'on fait exception de la tempête de verglas, je n'ai pas souvenir d'une tempête de neige qui a eu un impact tel sur le niveau d'absentéisme des employés qu'on a dû prendre des mesures d'urgence», relate Jacinthe Hotte, vice-présidente risque opérationnel et réputation à la Banque Nationale.

Pas de stratégie précise

Les experts en ressources humaines conviennent que les entreprises doivent se doter de plans pour faire face aux imprévus, qu'il s'agisse d'un incendie, d'une inondation ou d'une panne d'électricité. Mais rares sont celles qui se dotent d'une stratégie spécifique aux tempêtes de neige.

La raison est simple, explique Florent Francoeur, président-directeur général de l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés: les employeurs sont tolérants face aux retards occasionnés par la météo. Et de manière générale, les employés font leur possible pour se rendre au travail si les éléments se déchaînent.

«Dans le bureau moyen à Montréal, il n'y a pas beaucoup de pression qui est appliquée sur les travailleurs pour qu'ils rentrent au boulot quoi qu'il arrive, souligne-t-il. On est plutôt dans le domaine de la diligence raisonnable.»

La crise du verglas de 1998 a complètement paralysé Montréal pendant près de deux semaines, indique M. Francoeur. Mais elle n'a donné lieu à aucune refonte majeure des politiques de ressources humaines. Et même si des milliers de travailleurs ont dû rester à la maison, la plupart des entreprises se sont relativement bien tirées d'affaire.

«Ça s'est très bien passé quand on regarde le nombre de plaintes devant la Commission des normes du travail, il n'y a pas eu de congédiements illégaux à cause de cela», affirme-t-il.

Suzanne Ménard, conseillère en ressources humaines chez Aon Hewitt, n'a jamais été consultée spécifiquement sur des mesures à adopter en cas de tempête. Elle souligne par contre qu'un employeur peut adopter un éventail de mesures pour faire face aux imprévus. Elle cite en exemple la mise en place d'une ligne téléphonique pour informer les employés, la fourniture d'outils qui permettent de travailler à la maison, les horaires flexibles.

«Il faut avoir mis en place des mesures avant que ça se produise», résume-t-elle.