La Caisse de dépôt a versé 200 000$ à la firme de chasseurs de têtes Spencer Stuart pour avoir trouvé un chef économiste au profil international que l'institution a muté à un autre poste huit mois après son entrée en fonction. L'organisme a donné à la même firme le mandat de trouver son remplaçant.

Oliver Fratzscher n'est plus chef économiste de la Caisse et ne siège plus au comité de direction, a confirmé hier Denis Couture, premier vice-président, Affaires publiques, de l'institution québécoise. Il sera toutefois appelé à participer aux réunions du comité de direction à l'occasion, précise-t-il.

Le 11 novembre dernier, la Caisse a publié un communiqué annonçant la mutation à New York de M. Fratzscher où il occupe dorénavant le poste de premier vice-président et conseiller stratégique auprès du chef des Placements, Roland Lescure, et du président, Michael Sabia.

Le détenteur d'une maîtrise en économie de l'Université de Montréal et d'un doctorat de Harvard était entré en fonction en avril 2010 comme chef économiste et membre du comité de direction de la Caisse.

La Caisse se défend

La Caisse se défend d'avoir tabletté M. Fratzscher. En outre, M. Couture dit que son départ à New York n'a rien à voir avec des difficultés relationnelles que l'économiste aurait éprouvées avec le personnel de la Caisse.

«Les choses ont évolué. Il y a plein de choses qui se sont passées en huit mois, explique M. Couture. À la Caisse, on a commencé une réflexion sur l'avenir. Qu'est-ce qu'on va faire avec les pays émergents? La seule personne qui a cette expertise à la Caisse, c'est Oliver. Son poste a été repositionné à New York, ce qui est plus près de sa famille.

«Quand on est en Chine, en Inde, au Brésil, à explorer des occasions d'investissement pour la Caisse, on n'est pas au siège social de la Caisse à participer à des réunions en comité, poursuit-il. Comme ça n'avait pas de sens, sur le plan pratique, de faire partie du comité de direction, il n'y est plus. On n'y voit pas d'inconvénients et lui non plus. Financièrement, ça ne l'affecte pas, il n'y a pas de diminution de salaire.»

Autre poste, même salaire

Oliver Fratzscher a ainsi droit à une rémunération globale annuelle de 510 000$, dont 350 000$ de salaire de base annualisé, 30 000$ à titre d'avantages particuliers annualisés et 175 000$ comme autres sommes en 2010, révèlent des documents obtenus en vertu de la loi d'accès à l'information. Embauché le 19 avril, M. Fratzscher touchera un salaire de base et des avantages particuliers en 2010 proportionnels au temps passé à la Caisse pendant l'année. Les autres sommes de 175 000$ ne sont pas récurrentes.

«Il était payé pas tellement parce qu'il est membre du comité de direction, mais parce qu'il a une expertise et son expertise, il la garde», dit M. Couture, pour expliquer que son salaire n'a pas été corrigé

Le nouveau poste de conseiller stratégique a été créé sur mesure pour l'ancien chef économiste. Il n'a pas fait l'objet de concours ni interne ni externe, confirme M. Couture.

Allemand d'origine, Oliver Fratzscher était économiste à la Banque mondiale, à Washington, quand Pascal Becotte, patron de la firme de chasseurs de têtes Spencer Stuart à Montréal, l'a proposé comme chef économiste à la Caisse de dépôt. Le poste était vacant depuis le départ de Luc Vallée en septembre 2008. La Caisse cherchait alors une personne prête à jouer un rôle public, un peu à l'image des économistes en chef des grandes banques.

La Caisse a donné le mandat à Spencer Stuart de dénicher un nouveau chef économiste. Il s'agit en fait d'un élargissement de mandat, a expliqué M. Couture. La firme avait déjà le contrat de trouver un adjoint à M. Fratzscher du temps qu'il occupait encore le poste de chef économiste. «Nous avons obtenu satisfaction du travail de Spencer Stuart», assure M. Couture.