C'est la revue The Scientist qui, la première, a sonné l'alarme.

Dans un article fouillé publié en novembre 2002, la journaliste Diane Martindale a raconté à quel point les travaux menés par la société canadienne Millenia Hope étaient considérés avec suspicion par la communauté internationale des chercheurs s'intéressant à la malaria.

D'entrée de jeu, cette revue scientifique américaine a évoqué la possibilité que le médicament de Millenia Hope soit une supercherie («may be a fraud»).

The Scientist a joint tous les universitaires qui, selon les communiqués de presse de Millenia de l'époque, menaient des travaux de recherche ou des essais cliniques sur le Malarex. Cette revue américaine a découvert qu'entre les prétentions de l'entreprise et la réalité, il y avait un grand décalage.

Un biochimiste spécialisé dans l'étude de la malaria, Erwin Schurr, et un collègue de McGill ont ainsi cessé de collaborer avec Millenia Hope avant la fin de leurs travaux. Ils étaient vexés que l'entreprise dévoile des résultats choisis et incomplets avant même qu'ils aient rédigé leur rapport final.

Une autre chercheuse de McGill, Mary Stevenson, devait tester le Malarex sur des animaux. Mais comme cette immunologue n'a jamais reçu les fonds nécessaires à ces travaux, les tests n'ont jamais été réalisés.

À l'époque, la revue a seulement pu confirmer qu'un essai clinique sur des humains avait été mené à Yaoundé, par le Dr Albert Same Ekobo, ex-directeur national du programme antipaludéen du Cameroun. Si les 30 patients ont tous été guéris, selon les prétentions de Millenia, les résultats de cette expérience n'ont jamais été publiés.

En fait, sur les neuf recherches sur l'agent actif du Malarex, le voacamine, qui ont été publiées dans des publications scientifiques revues par des pairs, de 1967 à 2002, aucune ne mentionne Millenia Hope ou le Malarex.

Millenia Hope s'était aussi targuée d'avoir conclu un partenariat avec la Fondation internationale de la malaria. Jointe par The Scientist, la présidente et fondatrice de cette fondation, Mary Galinski, a démenti l'information.

The Scientist s'est aussi inquiétée du fait que Millenia Hope ait été autorisée à vendre le Malarex dans cinq pays africains sans avoir mené de tests pour s'assurer de l'innocuité de ce médicament.

L'éditeur du Malaria Journal, Marcel Hommel, a conclu que Millenia Hope «ressemble à une arnaque financière qui peut séduire les boursicoteurs qui ne se doutent de rien».

The Lancet a abondé dans son sens dans un article publié en février 2003, en insistant sur l'absence de preuve scientifique pour soutenir l'utilisation du Malarex.

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Si Millenia Hope ne bouge plus qu'en Bourse, cette biotech a fait des petits. Ces entreprises ont des airs de famille. Elles ont des causes nobles. Elles sont en Bourse ou prévoient y aller même si elles ne font qu'engranger des pertes. Et leurs numéros de téléphone ne sont plus valides.

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