Les craintes d'une pénurie de main-d'oeuvre parmi les entreprises québécoises se sont atténuées avec la récession et la hausse du taux de chômage, a constaté la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) lors d'un sondage auprès de nombreux employeurs.

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Selon un rapport rendu public hier, le nombre d'entreprises qui déclarent subir «certaines difficultés» de recrutement de main-d'oeuvre qualifiée a reculé considérablement depuis deux ans.

Ce nombre se situe maintenant à moins de la moitié (46%) des entreprises comparativement à plus des trois quarts (76%) il y a deux ans, avant que surviennent la crise financière et la récession.

À l'inverse, plus de la moitié (54%) des entreprises déclarent maintenant ne pas avoir de difficultés de recrutement de main-d'oeuvre qualifiée. Ce pourcentage était d'à peine 24% il y a deux ans.

«Les employeurs n'éprouvent plus le sentiment qui les habitait en 2008. La crise économique et les pertes d'emplois qu'elle a causées ont relégué l'enjeu des pénuries à un deuxième ordre de préoccupation», lit-on dans le rapport du sondage commandité par la FCCQ, en collaboration avec les ministères québécois de l'Éducation et de l'Emploi.

Cependant, le constat diffère beaucoup selon la taille des employeurs ayant participé à l'enquête.

«Les grandes entreprises, parce qu'elles offrent des conditions très avantageuses en matière de salaire, de conditions de travail et de retraite, n'éprouvent pas de réelles difficultés à recruter la main-d'oeuvre dont elles ont besoin, surtout en région», soulignent les auteurs de l'enquête.

En contrepartie, «le problème se pose avec beaucoup plus d'acuité dans les PME qui ne peuvent pas concurrencer les grandes entreprises sur le plan des conditions de travail et qui n'ont pas les ressources pour recruter dans un bassin de main-d'oeuvre très large».

Dans ce contexte, selon la FCCQ, le Québec doit accentuer ses efforts pour améliorer ses capacités en éducation supérieure et en formation professionnelle.

Car avec la récupération relativement rapide des emplois perdus lors de la récession, les employeurs appréhendent un retour des difficultés de recrutement de personnel qualifié.

«Des pénuries surgissent de nouveau dans certains secteurs de l'économie. La disponibilité de main-d'oeuvre qualifiée redevient une préoccupation pour les entreprises», selon Françoise Bertrand, présidente de la FCCQ.

Le rapport publié hier découle d'une série de 16 rencontres de gens d'affaires tenues par la FCCQ dans les différentes régions du Québec, entre novembre 2008 et juin dernier.

Ces rencontres ont mobilisé quelque 950 intervenants, dont la moitié étaient constitués d'entrepreneurs et de dirigeants d'entreprise de tailles diverses.

Virage dans la formation

Dans son rapport, la FCCQ fait état des priorités identifiées par les participants quant aux moyens d'améliorer la disponibilité de main-d'oeuvre qualifiée. Et de parer ainsi au risque de pénurie dans certains secteurs au fur et à mesure que le marché du travail et la conjoncture économique prendront du mieux.

Selon le constat de la FCCQ, les efforts prioritaires sont à faire dans le réseau de centres de formation professionnelle et de cégeps dans les diverses régions, qui seraient encore trop détachés des milieux de travail.

«Un virage doit se faire vers une concertation avec le marché du travail, en faisant preuve de souplesse plutôt que s'en tenir strictement aux critères de financement», selon Mme Bertrand.

Par ailleurs, le rapport de la FCCQ montre du doigt l'importance de mieux aligner le «processus de sélection des immigrants» du Québec avec les besoins de main-d'oeuvre qualifiée de l'économie.

À ce titre, la FCCQ déplore que, selon des données révélées en juin dernier par le vérificateur général, seulement 9% des immigrants sélectionnés par le Québec respectent les critères des programmes de formation les plus en demande sur le marché du travail.