Après avoir vanté le système bancaire canadien, le World Economic Forum (WEF) s'intéresse aux ententes de mobilité de la main-d'oeuvre du gouvernement du Québec. L'organisme établi à Genève tient une rencontre à Montréal, aujourd'hui, pour connaître les moyens qu'utilise la province pour attirer des travailleurs étrangers.

La rencontre rassemblera des dizaines de chercheurs et de gens d'affaires. Le premier ministre, Jean Charest, et son ministre du Développement économique, Clément Gignac, y participeront également.

«Il se trouve que le Québec est à l'origine de pratiques fructueuses qui devraient lui permettre d'attirer du talent de l'étranger grâce à ses politiques», explique Anna Janczak, directrice associée pour les services professionnels au WEF.

Le Québec fait en effet figure de pionnier dans le domaine, selon M. Gignac. La province a conclu des ententes avec l'Ontario et avec la France pour faciliter la reconnaissance mutuelle des diplômes.

«Tous les pays ont leurs systèmes de réglementation, leurs corporations professionnelles qui veillent à la protection du public, indique le ministre en entrevue. Mais maintenant, avec l'internet, avec la mobilité qu'on voit de plus en plus, il faut repenser ces modèles.»

L'entente signée avec l'Ontario permet aux travailleurs de 35 ordres professionnels et corps de métier de trouver un emploi de part et d'autre de la rivière des Outaouais. Le pacte avec la France, conclu il y a deux ans presque jour pour jour, s'est traduit par la reconnaissance de compétence de 16 professions et 41 métiers.

Le ministre Gignac fait valoir que les pays occidentaux, y compris le Québec, feront face à un important déclin démographique d'ici quelques années. Pour éviter une pénurie de la main-d'oeuvre spécialisée, il faudra multiplier les ententes similaires à celle qui lie la province à l'Ontario et à la France.

Le gouvernement Charest a donc demandé au gouvernement fédéral de tenir compte des besoins en main-d'oeuvre dans le cadre de ses négociations en vue d'implanter le libre-échange avec l'Europe.

«Dans les dernières décennies, on a progressé beaucoup pour abolir des barrières tarifaires pour le commerce des marchandises, affirme Clément Gignac. Mais on a beaucoup de progrès à faire sur le plan de la mobilité de la main-d'oeuvre.»

Des retombées à moyen et long terme

Québec ignore combien de travailleurs, québécois ou étrangers, se sont prévalus des ententes de mobilité jusqu'ici. Les retombées se manifesteront plutôt à moyen et à long terme, croit le ministre.

«Il y a très peu de Français qui doivent savoir qu'ils peuvent venir travailler au Québec au moment où l'on se parle, et vice-versa, explique-t-il. Mais nous, on y voit un outil important dans nos ententes de collaboration. Souvent, on fait valoir à nos entreprises québécoises que, s'il y a pénurie de main-d'oeuvre, ils peuvent regarder du côté de la France.»

Le WEF mène régulièrement des consultations sur différents enjeux économiques. C'est cet organisme qui a classé le Canada au premier rang mondial pour la stabilité de son système bancaire le mois dernier.

L'organisation tient plusieurs rencontres à huis clos en vue du prochain Forum économique mondial à Davos. Les discussions qui auront lieu à Montréal aujourd'hui alimenteront un rapport qui abordera les meilleures pratiques dans le domaine de la mobilité de la main-d'oeuvre.

«Nous souhaitons connaître les meilleures pratiques et les recommandations des participants aux rencontres, indique Anna Janczak. Nous allons ensuite partager le fruit de nos recherches avec la communauté internationale.»