Prendre des risques, inventer de nouveaux produits, démarrer des entreprises : voilà qui semble intéresser de moins en moins les Québécois, et le gouvernement Charest a décidé de se pencher sur le problème en lançant une tournée de plusieurs mois sur l'entrepreneuriat partout au Québec.

La grande virée se conclura par un « forum national » consacré aux enjeux d'entrepreneuriat. Malgré quelques bémols, l'initiative a été bien accueillie par le milieu des affaires.

« L'avenir et la revitalisation économique, ainsi que l'enrichissement de tout le Québec, passent sans contredit par la promotion et le développement de l'entrepreneuriat », a dit le ministre du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation, Clément Gignac.

La tournée de consultation est la première étape devant mener à une stratégie québécoise de l'entrepreneuriat, une promesse faite par le gouvernement Charest lors de la Rencontre économique de janvier dernier. Elle sera présidée par les députés Alain Paquet et André Drolet.

« Malgré les nombreux succès individuels, notre performance collective en matière d'entrepreneuriat demeure faible : tous les indicateurs démontrent que nous devons mieux nous organiser pour encourager l'esprit entrepreneurial, appuyer ceux qui se lancent et finalement célébrer les réussites », a commenté Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, qui a salué l'initiative.

Même son de cloche du côté du Conseil du patronat, qui promet de participer activement à la consultation. L'organisme a déjà publié quelques « pistes de solution ». Parmi celles-ci : présenter les entrepreneurs à succès aux élèves du secondaire, offrir un soutien aux entrepreneurs qui veulent bâtir un plan d'affaires et trouver du financement et favoriser le transfert des entreprises existantes à la relève.

Tout en saluant la tournée, la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI) s'inquiète cependant de voir que le document de consultation consacre beaucoup d'espace à la création de nouvelles entreprises, mais peu aux questions touchant la croissance et la pérennité de celles déjà en place.

« On trouve ça maigre, voire anorexique », lance à ce propos Martine Hébert, vice-présidente, Québec, de la FCEI. Pour inciter les gens à lancer des entreprises, rien de tel que de leur montrer que le climat d'affaires est bon pour celles qui existent déjà, plaide Mme Hébert, qui réclame un allègement des taxes et contraintes administratives imposées aux PME.

Jacques Bernier, associé principal du plus grand réservoir de capital-risque au pays, Teralys, estime que la tournée arrive à point nommé. « Il faut bâtir une vraie culture entrepreneuriale au Québec », dit-il, saluant l'idée de récolter le point de vue des régions sur une question trop souvent débattue seulement à Montréal.