Au bord de la faillite, la chaîne Café Suprême jette l'éponge. L'entreprise montréalaise blâme la concurrence pour sa fermeture, mais elle faisait des profits et son fondateur songe à ouvrir une nouvelle chaîne de cafés.

Comment expliquer cette situation peu commune ? La réponse se trouve peut-être en Colombie-Britannique, où Café Suprême a été condamnée en cour à payer environ 650 000 $ à un franchisé qui réclame maintenant son dû.

Café Suprême, une chaîne de plus de 100 cafés-restaurants au Canada, au Moyen-Orient et en Égypte, a rompu ses contrats avec ses franchisés le 30 septembre dernier. S'estimant trop endettée, l'entreprise fondée en 1980 fera bientôt une proposition à ses créanciers. Si la proposition est acceptée, l'entreprise de l'homme d'affaires montréalais John Essaris évitera la faillite.

Faillite ou non, John Essaris aurait l'intention de lancer une nouvelle chaîne de cafés-restaurants. Le nom provisoire : La Prep. John Essaris aurait déjà contacté plusieurs de ses anciens franchisés de Café Suprême pour ouvrir des établissements sous sa nouvelle bannière La Prep.

John Essaris explique la fermeture de Café Suprême par une concurrence accrue. « Même si nous avons tenté de développer de nouveaux produits et hausser nos revenus, l'arrivée d'autres chaînes plus établies au Canada a saturé le marché et influencé sérieusement nos perspectives d'entreprise », a-t-il écrit à ses franchisés le 7 septembre dernier.

Selon les documents déposés en Cour supérieure, Café Suprême reste pourtant une entreprise rentable. Du 1er au 28 septembre - alors que ses franchisés lui payaient toujours des redevances -, Café Suprême a généré des bénéfices de 8582 $ sur des revenus de 52 106 $, soit une marge de profit de 16,5 %.

Les présumées difficultés financières de Café Suprême proviennent principalement d'un ancien franchisé de la Colombie-Britannique, qui a poursuivi l'entreprise pour ne pas avoir exécuté le contrat de franchise. Un tribunal arbitral a donné raison à Invicta Food Services, qui a reçu la somme de 544 182 $.

Pour éviter de payer, Café Suprême Canada Inc. a transféré ses actifs et ses bénéfices futurs dans une deuxième entreprise (C.S. Café Suprême Inc). En mai dernier, les tribunaux de la Colombie-Britannique ont déclaré la nouvelle entreprise responsable des dommages. C.S. Café Suprême Inc. a déposé un avis d'intention de faire une proposition à ses créanciers le 1er septembre dernier.

Sur ses dettes de 1 million de dollars, Café Suprême doit 649 113 $ à Invicta Food Services et 181 371 $ à ses avocats en Colombie-Britannique. Ces deux créanciers représentent 83 % des dettes de Café Suprême, qui doit aussi 100 000 $ à l'Agence du revenu du Canada.

Rejoint par La Presse Affaires, John Essaris n'a pas répondu à nos questions et a mis fin à l'appel dès qu'il a pris connaissance l'identité de son interlocuteur. Il n'a pas rappelé La Presse Affaires par la suite. John Essaris est le fils de James Essaris, l'un des deux associés de la chaîne concurrente Presse Café.