Un document de consultation de la Ville de Montréal propose une série de mesures sur le thème du développement durable dans le but d'attirer les entreprises dans ses 19 parcs industriels municipaux.

Le document, publié le 7 octobre, fera l'objet de consultations publiques par la commission permanente sur le Développement économique les 21 octobre et 3 novembre.

Trois des sept pistes d'intervention suggérées portent sur l'esthétique des zones industrielles, que ce soit l'amélioration de l'aménagement paysager ou la réfection des rues.

Il y est même question d'instaurer le concept d'écoparc. «Le concept d'écoparc permet d'améliorer l'image de ces parcs et de renforcer l'attractivité en faisant participer les entreprises locales à la qualité de vie générale de leur milieu», y lit-on.

Un expert de l'immobilier industriel doute de l'efficacité de pareilles mesures.

«Franchement, selon moi, il n'y a personne qui va dire qu'il s'en va dans les parcs industriels de Montréal parce qu'il sont plus beaux, dit Michael Friedlieb, premier vice-président de Colliers. Le plus utile serait de trouver une façon d'abaisser les frais d'exploitation (comme les taxes).»

La rareté des terrains vacants dans l'île fait en sorte que ceux-ci valent plus cher que les terrains en banlieue et, par voie de conséquence, coûtent plus cher en impôt foncier.

Par exemple, à Laval, le prix du terrain industriel appartenant à la municipalité varie de 3,50$ à 5,00$ le pied carré, tandis que les frais d'exploitation s'élèvent en moyenne à 3,25$ le pied carré, dit Gilbert LeBlanc, vice-président à Laval Technopole.

À Montréal, la valeur des meilleurs terrains dans les parcs industriels municipaux atteint 8$ le pied carré.

Michael Friedlieb regarde d'un oeil beaucoup plus favorable la suggestion de la Commission de relancer le programme de crédit de taxes Pr@M-Industrie pour deux ans tout en le bonifiant au passage.

Pr@M rembourse pendant cinq ans la hausse de l'impôt foncier découlant de la construction, de la reconversion ou de l'agrandissement d'un bâtiment industriel. Le document propose d'intégrer en sus un volet sur la décontamination des terrains.

Il y est aussi proposé que la Ville se dote d'un fonds pour acquérir des terrains et des bâtiments afin d'en faciliter leur mise en valeur. Il ne dit mot sur l'ampleur de l'enveloppe budgétaire qui pourrait être affectée à cette fin.

Ces pistes d'intervention seront-elles suffisantes compte tenu de l'ampleur de la crise qui secoue le secteur manufacturier? L'emploi dans la fabrication a reculé de 26% entre 2005 et 2009, soit une perte nette de 36 000 emplois dans l'agglomération de Montréal. Ces chiffres sont tirés du Bilan économique 2009 de l'agglomération.

Conséquence: le taux d'inoccupation des locaux industriels est en hausse, en particulier aux extrémités est et ouest de l'île où il dépassait les 10%, à la fin de 2009.

L'offre excède la demande dans le segment des grands locaux de plus de 80 000 pieds carrés. Plus de 80 emplacements sont offerts en location, dit M. Friedlieb.

VILLE DE MONTRÉAL, CHIFFRES CLÉS

> 19 parcs industriels municipaux

550 établissements

35 000 travailleurs

1 500 000 mètres carrés de terrains vacants

750 000 mètres carrés de terrains sous-utilisés