En ce 7 octobre, Journée mondiale sur le travail décent, les quatre centrales syndicales du Québec se disent inquiètes pour l'emploi dans les mois à venir, puisque le Québec dépend beaucoup des exportations vers les États-Unis, où la situation est encore sombre.

Et, selon les organisations syndicales, le gouvernement fédéral ne comprend pas la situation de l'emploi au Québec et risque d'aggraver les choses en mettant fin à son plan de relance au mois de mars.

S'il est vrai que le pays a statistiquement repris les emplois perdus lors de la récession, les emplois récupérés sont loin d'être de même qualité, aussi bien rémunérés et aussi stables, ont dit à l'unisson jeudi les quatre chefs syndicaux, Claudette Carbonneau (CSN), Michel Arsenault (FTQ), Réjean Parent (CSQ) et François Vaudreuil (CSD).

«Plusieurs régions au Québec n'ont pas été capables de renouveler la qualité des emplois perdus au cours des dernières années. Nous, comme dirigeants syndicaux, ça nous préoccupe énormément», a déploré M. Vaudreuil, de la CSD.

Et les conditions de travail ont été drainées à la baisse, dans plusieurs cas, même pour ceux qui ont conservé leur emploi, a rappelé M. Vaudreuil.

La FTQ à elle seule a perdu 10 000 membres dans la forêt, les scieries et les moulins à papier, rapporte quant à lui Michel Arsenault.

La CSN a vécu une situation similaire. Sa présidente Claudette Carbonneau cite le cas du chantier maritime Davie, à Lauzon, qui employait 1600 travailleurs il y a quelques mois, alors qu'«aujourd'hui, il y en a dix sur le chantier».

Les chefs syndicaux reprochent au ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, de ne pas saisir les problèmes réels de l'emploi et de ne se fier qu'aux statistiques.

«Le ministre Flaherty est complètement déconnecté de ce qui se passe au Québec, même au Canada, a dit M. Arsenault, de la FTQ. Je l'ai rencontré personnellement sur le dossier des travailleurs de la forêt et sa réponse a été de dire: «il n'y en a pas de problème d'emplois au Canada car à Toronto, on a une pénurie de travailleurs des banques'. Moi, quand je vais à Chambord parler à un gars qui travaille dans une usine de sciage, l'ouvrage pour les travailleurs des banques à Toronto, ça ne l'intéresse pas. C'est ça qu'on ne semble pas comprendre à Ottawa.»

Et les quatre chefs syndicaux sont inquiets devant la fin prochaine du plan de relance fédéral et la volonté, trop obstinée selon eux, des deux gouvernements de revenir rapidement à l'équilibre budgétaire.

«C'est tout à fait scandaleux que le gouvernement fédéral remette des contraintes (à l'assurance emploi), se conduise comme si la crise était finie, réduise la période de prestations supplémentaires qui avait été mise de l'avant», tout en haussant les cotisations à l'assurance emploi, s'est exclamé Réjean Parent, de la CSQ.

«Si on veut assurer un emploi décent, dans un contexte de mondialisation, il faut donner les moyens aux travailleurs de se former, de pouvoir se qualifier pour des emplois à valeur ajoutée», a-t-il plaidé.