Controversées et très critiquées, les interventions du gouvernement pour encourager l'investissement privé restent la norme dans les pays industrialisés où elles sont encore considérées comme nécessaires.

La SGF a contribué à transformer l'économie du Québec et est encore utile, croit Bernard Landry. Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas y toucher, estime l'ancien premier ministre. «Le modèle québécois nous a bien servis, mais il n'est pas sacré. Il doit évoluer.»

Bernard Landry voit d'un bon oeil la fusion annoncée entre la SGF et Investissement Québec. Mais il est convaincu que les entreprises québécoises ont encore besoin d'un investisseur patient, qui peut se contenter d'un rendement modeste, alors que le privé exige un rendement de 15% pour s'intéresser à un projet.

En principe, la SGF devait faire assez de profit pour compenser le coût des emprunts nécessaires à son fonctionnement. Dans les faits, le rendement de la SGF au cours des cinq dernières années (-3,7%) est inférieur au coût de financement du gouvernement (5 à 6%).

Malgré tout, «le gouvernement y trouve son compte», assure M. Landry. Depuis 1972, la première année où les placements de la SGF ont été consolidés, jusqu'en 2009, la SGF a dégagé un rendement positif de 2,3%.

Même Léon Courville, qui juge décevant le bilan du demi-siècle d'activités de la SGF, en convient. Les gouvernements doivent avoir un bras financier pour intervenir dans l'économie.

«Ça en prend un, dit-il. Il y en a partout.» La fusion annoncée entre la SGF et Investissement Québec est l'occasion de se poser des questions sur la meilleure façon de favoriser l'investissement, souligne-t-il.

Pour Jean Campeau, le regroupement de la SGF et d'Investissement peut être une bonne idée. «Ça dépend de comment ça va être géré», dit-il.

À première vue, ce regroupement le laisse toutefois sceptique. «Investissement Québec était là pour aider les petites entreprises, pour faciliter leur accès au crédit. La SGF est là pour investir. C'est des vocations distinctes.»

Avec le temps, toutefois, ces deux vocations ont fini par se rassembler. Récemment, la SGF s'est mise à faire des prêts, comme Investissement Québec. Le vérificateur général Renaud Lachance a déjà mis en lumière les dédoublements des efforts des deux organismes, notamment dans la prospection d'investissement étrangers.

Le ministre du Développement économique, Clément Gignac, estime que le principal avantage de la fusion entre la SGF et Investissement Québec sera de créer un guichet unique pour les entreprises.

«Est-ce que la nouvelle entité sera encore capable d'aider les petites entreprises?» s'interroge Jean Campeau.

Un portefeuille disparate

Avec le temps, la SGF s'est constitué un portefeuille d'investissements assez disparate. Les terres à bois y côtoient les productions cinématographiques hollywoodiennes et l'élevage de canards.

La fusion pourrait être l'occasion de faire le ménage dans ce portefeuille et de vendre certaines de ces participations. «Si le prix est bon, pourquoi pas?» dit Jean Campeau.

Les investissements qui pèsent le plus lourd dans le portefeuille de la SGF ne sont malheureusement pas ceux qui pourraient rapporter beaucoup d'argent. C'est le cas notamment des participations dans l'industrie pétrochimique (Parachem, Cepsa) et dans le secteur forestier (Kruger Wayagamack, Tembec).

La SGF pourrait toutefois vendre avec profit ses participations dans le secteur de l'aluminium (Aluminerie Alouette). «Les alumineries sont implantées au Québec pour y rester, elles ne déménageront pas», dit Jean Campeau.