Alors qu'un autre investissement de la SGF semble mal tourner, l'heure est au bilan pour cette société d'État, une des plus anciennes du Québec. Sa fusion prochaine avec Investissement Québec marque la fin d'une époque remplie de controverses. Retour sur le demi-siècle d'activités du bras financier du gouvernement québécois.

La Société générale de financement telle qu'on la connaît est sur le point de disparaître, après 48 ans de service. Le bras financier du gouvernement du Québec avait peut-être perdu beaucoup de sa vigueur au cours des dernières années mais il en a déjà eu beaucoup dans le passé. Pour le meilleur et pour le pire.

Les faits d'armes de la SGF sont nombreux. Certains sont encore frais dans les mémoires, comme ses investissements très rentables dans le secteur de l'aluminium. D'autres sont oubliés depuis longtemps, comme sa tentative ratée d'implanter une usine de fabrication d'automobiles avec le constructeur français Renault.

«Son bilan global est positif», estime Bernard Landry, ancien premier ministre et ancien ministre des Finances, qui s'est servi abondamment de la SGF.

Même ses plus cuisants échecs, comme Sidbec qui a englouti des millions de fonds publics, trouvent grâce à ses yeux. «Ça n'a pas mal fini, soutient l'ex-premier ministre. Sans la SGF, on n'aurait pas eu du tout de sidérurgie au Québec.»

Sidbec est aujourd'hui la propriété du géant indien Arcelor-Mittal, qui emploie 1300 personnes à Contrecoeur dans le laminage d'acier.

La SGF n'a pas fait que des bons coups, mais elle était là à des moments importants de l'histoire du Québec, croit Jean Campeau, ancien président de la Caisse de dépôt et ancien ministre des Finances dans le gouvernement de Jacques Parizeau.

La Caisse de dépôt n'aurait jamais pu garder Domtar en vie sans l'aide de la SGF, rappelle Jean Campeau. La Caisse, qui ne pouvait pas prendre une participation supérieure à 30% dans une même entreprise, s'est alliée à la SGF pour obtenir le contrôle de Domtar. Grâce à leurs investissements patients, Domtar a pu se moderniser et devenir le géant du papier qu'elle est aujourd'hui, avec des revenus de 5,5 milliards et 9000 employés.

La SGF a peut-être réussi quelques bons coups, mais elle a aussi perdu beaucoup d'argent. «C'est le total qui compte», souligne Léon Courville, économiste et ex-président de la Banque Nationale.

Et le total est plutôt décevant, selon celui qui a passé 11 ans au conseil d'administration de la SGF, dont les dernières au sein de la super-SGF mise sur pied par Claude Blanchet avec le soutien du premier ministre d'alors, Bernard Landry.

Léon Courville croit que la SGF est «mal positionnée dans la structure de financement des entreprises».

Une autre source, qui connaît bien le fonctionnement de la SGF mais qui veut garder l'anonymat, estime que la SGF était plus efficace à ses débuts, quand elle était un holding financier avec 25 employés.

Depuis qu'elle a avalé Soquip, Soquem, Rexfor et Soquia, elle compte quatre fois plus d'employés mais elle a «perdu l'expertise sectorielle et n'a pas de stratégie d'investissement», estime cet observateur.

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La SGF en 2009

Rendement 5 ans

-3,7%

Rendement 10 ans

-5,8%

Rendement depuis 1972

+2,3%

Coûts de fonctionnement

34 millions

Pertes

245 millions

Salaire du président

362 138$