L'industrie du taxi se plaint de la baisse d'achalandage, de la navette 747 vers l'aéroport, et même du Bixi. Pendant ce temps, les permis se vendent aussi cher qu'une maison. Le taxi montréalais est-il engagé dans une impasse? Quelles sont les avenues de solutions?



«Ça ne va pas bien du tout.»

Dory Saliba, président de Taxi Hochelaga et président de la section montréalaise du Comité provincial de concertation et développement de l'industrie du taxi, fait le même constat depuis plusieurs années. «Mais cette année, c'est la pire, poursuit-il. Ça s'en va en descendant.»



Les mauvaises nouvelles se sont succédées. Récession en 2008. Annulation du Grand Prix et apparition du Bixi en 2009.

En 2010, une nouvelle catastrophe est survenue - de leur point de vue, bien sûr. «En plus, s'exclame Dory Saliba, ils viennent d'installer la ligne d'autobus 747 pour Dorval, qui vient prendre une bonne part du marché». Quand ça va mal...

Et ce n'est pas fini. La prochaine navette ferroviaire avec l'aéroport croisera la trajectoire du taxi montréalais. «Ça peut tuer l'industrie», croit-il.

Le portrait s'assombrit encore avec le service de nuit. «Auparavant, le night life était beaucoup plus rentable pour les chauffeurs que maintenant», déplore Dory Saliba.

Le résultat est préoccupant. «Pour Montréal, il y a une baisse d'achalandage de 20 à 30% par rapport à la période d'avant septembre 2008», constate Serge Masse, président-directeur général de FinTaxi, une entreprise de financement pour les chauffeurs non propriétaires fondée par le Fonds de solidarité FTQ.

Ces difficultés ne sont sans doute pas étrangères à l'augmentation des vols de courses de taxi. Certains chauffeurs affamés cueillent les clients à la barbe des collègues auxquels ils étaient destinés.

Plus propre, plus aimable

Pendant qu'elle traverse cette tourmente, l'industrie du taxi montréalais est en convalescence. Elle se remet des mauvais souvenirs de courses dans des véhicules délabrés, aux mains de chauffeurs mal embouchés.

«On a une belle industrie, constate maintenant Dory Saliba. Nos flottes se sont beaucoup rajeunies. Nos chauffeurs sont plus professionnels et sont très bien encadrés.»

Car depuis la mise à jour de la réglementation, en 2002, les voitures qui entrent dans le circuit ne doivent pas avoir plus de cinq ans, et celles en circulation ne peuvent excéder dix ans d'âge. Résultat, «le véhicule moyen a trois ans de moins qu'il y a dix ans», confirme Serge Masse.

Qu'en est-il du service? Un nouveau chauffeur qui veut conduire à Montréal doit compléter un cours de 150 heures, dont 90 sont consacrées aux connaissances toponymiques et géographiques du territoire. En outre, dès 2011, tous les chauffeurs devront suivre deux jours de formation continue par période de deux ans.

Sur les quelque 25 millions de courses réalisées en 2009, le Bureau du taxi de Montréal a reçu 469 plaintes du public, la plupart à propos du manque de courtoisie du chauffeur. C'est une bien faible proportion, constate Benoit Jugand, chef de division du Bureau du taxi et du remorquage. «La majorité du temps, dit-il, l'offre de service est correcte et la qualité des services s'est grandement améliorée.»

De ce côté au moins, le taxi semble sur la bonne voie.