Les dirigeants des principales sociétés d'État du Québec se partagent près de 15 millions en salaires, primes et avantages. Si certains ont gagné moins au cours du dernier exercice, d'autres ont vu leur rémunération augmenter malgré des résultats en baisse. Malgré les inégalités, la hausse est de 10% par rapport à la somme cumulative de l'an dernier. De leur côté, les fonctionnaires qui ont gagné plus de 100 000$ sont deux fois plus nombreux qu'il y a quatre ans.

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La rémunération des hauts dirigeants des six principales sociétés d'État du gouvernement du Québec s'est élevée à près de 15 millions de dollars lors de leur plus récent exercice.

Cette somme représente une hausse de 10% par rapport à la somme cumulative de l'année précédente, révèle un examen des plus récents rapports annuels des sociétés d'État.

Toutefois, cette fluctuation s'avère très inégale selon les sociétés d'État, et parmi leurs 34 hauts dirigeants faisant l'objet d'une divulgation officielle.

Ainsi, trois présidents ont subi des baisses de rémunération lors du dernier exercice, reflétant les résultats moindres des sociétés d'État qu'ils dirigent.

Cette rémunération comprend le salaire, les primes et des avantages tels qu'un véhicule de fonction et des surprimes d'assurances.

En contrepartie, parmi les trois présidents qui ont accru leur rémunération, deux se sont enrichis malgré la dégradation des résultats des sociétés d'État qu'ils président.

C'est le cas notamment de Thierry Vandal (voir le tableau), président-directeur général d'Hydro-Québec, dont la rémunération a crû de 2% à 570 096$ lors du dernier exercice. Or, ce gain est survenu malgré le recul de 3% des revenus d'Hydro-Québec, de même que de son bénéfice net et le dividende qu'elle verse au gouvernement.

Pour sa part, le président de Loto-Québec, Alain Cousineau, a profité d'un gain de 7,7% de sa rémunération à 354 608$ lors de l'exercice terminé le 31 mars dernier.

Cette augmentation est survenue malgré le recul prononcé du bénéfice net de Loto-Québec et de son dividende versé au gouvernement.

Par ailleurs, le président et chef de la direction de la Société des alcools (SAQ), Philippe Duval, a vu sa rémunération croître de 6% à 332 988$ lors de l'exercice terminé le 31 mars.

Mais dans son cas, cette hausse s'avère de pair avec la progression des résultats de la SAQ: hausse de 5% du chiffre d'affaires net, gain de 7,5% du bénéfice net et du dividende versé au gouvernement.

Pendant ce temps, la moitié des présidents des six principales sociétés d'État du Québec ont subi une baisse de leur rémunération lors de leur dernier exercice.

Et dans les trois cas, il s'agit de sociétés d'État dont les résultats financiers ont décliné durant leur dernier exercice, ou encore en attente d'un redressement majeur de gestion.

À la Caisse de dépôt et placement, par exemple, le poste de président et chef de la direction rapporte 60% de moins à son occupant actuel, Michael Sabia, qu'à son prédécesseur.

Henri-Paul Rousseau a en effet été rémunéré 1,1 million à sa dernière année en 2008, dont 378 000$ versés en prime de départ.

Et toujours à la Caisse de dépôt, la rémunération combinée de 6 millions des principaux dirigeants lors du dernier exercice était gonflée par la prime de départ de 1 million versée au président intérimaire, Richard Guay.

En excluant cette prime, la rémunération combinée de hauts dirigeants de la Caisse de dépôt et placement a crû de 17% lors de son plus récent exercice terminé le 31 décembre 2009.

Toutefois, cette hausse de 17% peut être trompeuse à court terme en raison des coupes majeures de bonus et primes faites en 2008, alors que la Caisse avait subi les pires pertes de son histoire.

Par ailleurs, les présidents des deux sociétés d'État à vocation d'aide au développement économique, la SGF et Investissement Québec, ont aussi subi des baisses de rémunération depuis un an.

Chez Investissement Québec, où le bénéfice net a reculé de 13% malgré une hausse de revenus de 2%, le président et directeur général, Jacques Daoust, a été rémunéré 11% de moins que lors de l'exercice précédent.

À la SGF, qui a subi une deuxième perte annuelle consécutive de plus de 200 millions en 2009, le président et directeur général, Pierre Shedleur, a vu sa rémunération amputée de 33% lors du plus récent exercice.

Néanmoins, à 362 138$, la rémunération du principal gestionnaire de la SGF demeure au troisième rang parmi les six principales sociétés d'État du gouvernement québécois.

Et comme pour tous ses pairs présidents de sociétés d'État, sa rémunération s'avère de deux à trois fois plus élevée que le salaire de base de 175 000$ du premier ministre du Québec.