Perry Newman se présentait comme un financier de Londres installé à Montréal depuis quelques années. L'homme a su s'attirer la confiance de plusieurs investisseurs de New York au fil des ans, impressionnés par ses rendements.

En juin, coup de théâtre: Édith Olanoff, principale investisseur du groupe, constate que les affaires de M. Newman ne sont qu'un mirage et que l'argent s'est envolé.

Cette malheureuse histoire à la Earl Jones est racontée dans une requête déposée en Cour supérieure, à Montréal. Elle vise Perry Newman, alias William ou Peter, de même que son entreprise, Dover Financial Corp.

Par personne interposée, Perry Newman ciblait des membres de la communauté juive orthodoxe, à New York. Il se décrivait comme un expert en devises. Il rassurait ses victimes en leur parlant de spiritualité, de valeurs et de la religion juive orthodoxe, qu'il pratique.

À l'été 2005, Edith Olanoff transfère donc une première somme de 125 000$ US chez Dover Financial, à Montréal. L'argent est soi-disant placé par l'entremise du courtier FC Stone, l'une des 500 plus grandes entreprises aux États-Unis. Les fonds auraient rapporté un profit de 7% en quelques mois.

S'ensuivent donc d'autres placements au fil des mois, pour lesquels Mme Olanoff reçoit mensuellement des états de compte avec l'en-tête de FC Stone. En 2010, la plaignante avait un total de 7,6 millions US investis par l'entremise de M. Newman, qui l'encourageait à vendre ses immeubles.

Le choc

Les problèmes commencent au printemps 2010. En mars, Édith Olanoff réclame un débours de 200 000$ de M. Newman, destiné à la construction d'une maison en Israël. L'argent lui est effectivement transféré à sa banque de Jérusalem, mais ses demandes pour un deuxième débours de 200 000$ sont problématiques. Perry Newman multiplie alors les délais et invente des raisons, selon la requête.

Suspicieuse, Edith Olanoff prend directement contact avec le courtier FC Stone, où ses fonds sont soi-disant placés. C'est alors le choc: le courtier n'a aucun compte à son nom, à celui de ses entreprises, ni même au nom de Perry Newman ou de Dover.

FC Stone lui apprend que le logo qui figure sur ses documents n'est plus utilisé depuis plusieurs années et que ses états de compte mensuels depuis cinq ans sont des faux. Edith Olanoff est bouleversée.

Elle presse Perry Newman de s'expliquer et exige d'être remboursée immédiatement. Le financier lui promet que les 7,5 millions US lui seront rapidement transférés de son institution bancaire de Montréal, la Banque Scotia, vers la Banque de Jérusalem. À ce jour, les fonds n'ont toujours pas été virés.

Neil Stein, avocat montréalais de Mme Olanoff, s'est fait dire par la Banque Scotia que le compte de Dover est inactif depuis décembre et qu'il ne contient pas de fonds significatifs, est-il écrit dans la requête.

À la fin de juin, le séquestre RSM Richter a été nommé, ce qui lui a permis de prendre possession de documents de Dover. «Perry Newman n'a fait aucun investissement dans les devises ou dans autre chose, rien du tout. Il a vécu avec les fonds des gens, en particulier de Mme Olanoff, en plus de rembourser certains investisseurs», nous a dit Neil Stein, hier.

Le nombre d'investisseurs n'a pas encore été précisé. Neil Stein parle d'une dizaine d'autres personnes, de New York, dont les investissements oscilleraient entre 125 000$ et 500 000$.

Une plainte a été déposée au Service de police de Montréal (SPVM), à la Sûreté du Québec et au FBI. Ces corps de police examinent le dossier pour savoir qui devrait le prendre en charge, compte tenu des croisements de juridictions.

Fait à noter, Perry Newman avait fait ouvrir un compte d'entreprise à Mme Olanoff dans le paradis fiscal des îles Turks et Caïcos. Le compte a été ouvert grâce au cabinet d'avocats montréalais Pollack Kravitz & Teitelbaum.

Pour récupérer une partie de son argent, Edith Olanoff réclame la faillite de Dover Financial et de Perry Newman. Le syndic proposé est RSM Richter.

La Presse s'est rendue à la résidence de M. Newman, à Hampstead, mais son fils nous a indiqué qu'il était absent, sans pouvoir nous dire comment le joindre autrement. Nous avons laissé le message de nous rappeler, mais au moment de mettre sous presse, nous n'avions reçu aucun appel.