En dépit d'un début d'été prometteur, l'industrie du tourisme ne s'attend pas à faire comme le thermomètre et à battre des records cette année. Mais la saison s'annonce certainement meilleure que celle de 2009, une année à oublier.

«Deux mille dix va être une meilleure année, surtout pour les villes», prédit Denis Cloutier, porte-parole de l'Association des hôteliers du Québec.

Les villes de Montréal et Québec, qui comptent davantage sur les visiteurs étrangers, ont connu une année misérable l'an dernier, en raison de la récession. Le ralentissement économique a été particulièrement marqué aux États-Unis et en Ontario, deux bassins importants de touristes pour le Québec.

«Ç'a été la pire année en 20 ans», confirme William Brown, porte-parole de l'Association des hôtels du Grand Montréal.

Cette année, Montréal a connu un départ canon, avec sa meilleure performance en 30 ans. «Nous avons eu le meilleur mois de juin depuis qu'il existe des statistiques», se réjouit Pierre Bellerose, de Tourisme Montréal.

Le nombre de visiteurs et de nuits d'hôtel a bondi de 26% en juin, grâce au retour du Grand Prix de Formule 1 et au congrès mondial du club Rotary, qui a rassemblé près de 20 000 personnes à Montréal à la fin du mois.

L'embellie a commencé en avril, avec une hausse de 4% des chambres louées dans les hôtels par rapport au même mois de 2009. L'augmentation a été de 16% en mai et de 26% en juin. Rien ne garantit que cette tendance se poursuivra, «mais on est assez enthousiastes», dit Pierre Bellerose.

William Brown est enthousiaste lui aussi, mais un peu inquiet quand même. «L'économie américaine n'est pas beaucoup plus forte que l'été dernier, constate-t-il, et l'euro est en baisse depuis des mois.»

D'autres facteurs pourraient inciter les Américains à rester chez eux, soit l'obligation d'avoir un passeport pour entrer au Canada et le dollar relativement fort qui réduit leur pouvoir d'achat. En Europe, l'économie se porte moins mal, mais l'euro a perdu 18% depuis un an par rapport au dollar canadien.

L'influence de Météomédia

Dans Charlevoix comme dans les autres régions du Québec, c'est la météo qui influence la saison touristique. Beaucoup de gens réservent à la dernière minute, après avoir attentivement consulté la météo, explique Denis Cloutier, qui est aussi directeur général de l'Auberge des falaises, à La Malbaie.

Après trois étés consécutifs de temps maussade, le ciel de Charlevoix est plus clément depuis le début de l'été, ce qui est de bon augure, selon lui. «On est dans les normales», estime Denis Cloutier.

Ça ira bien, si la météo continue de collaborer, renchérit Brian Aubé, directeur général de l'Association des hôteliers de Québec, qui a maintes fois fait l'expérience de l'influence de Météomédia sur la clientèle des lieux touristiques.

La ville de Québec est toujours nostalgique de la saison touristique de rêve de son 400e anniversaire, en 2008. Le nombre record de visiteurs enregistré cette année-là n'est pas près d'être égalé. Mais là aussi, après la saison médiocre de l'an dernier, on s'attend à faire «un petit peu mieux que l'an dernier», selon l'Office de tourisme de la Capitale.

Près des trois quarts des visiteurs à Québec sont des Québécois; les autres viennent de l'extérieur. Ces visiteurs de l'extérieur dépensent généralement plus d'argent durant leur séjour, notamment parce qu'ils dorment à l'hôtel plutôt que chez des parents et amis.

À Montréal, près de 40% des touristes viennent de l'extérieur du Québec. L'économie s'est rétablie rapidement au Canada, mais la croissance est encore lente aux États-Unis, ce qui laisse planer un nuage sur la saison touristique. «Il y a toujours 8 millions d'Américains qui n'ont pas retrouvé du travail», rappelle Joëlle Noreau, économiste chez Desjardins.

Le tourisme compte pour 2,7% du produit intérieur brut (PIB) du Québec. C'est plus que le secteur de la construction résidentielle (2,1%) et que l'aérospatiale (1,8%), selon l'Institut de la statistique du Québec. Environ 30 000 entreprises et près de 150 000 employés en vivent.

Pendant son séjour, un touriste dépense en moyenne 404$ à Montréal et 309$ à Québec.

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NOMBRE DE NUITÉES

JUIN 2010

423 527

JUIN 2009

338 031

VARIATION

25,29%

TAUX D'OCCUPATION DES CHAMBRES D'HÔTEL

JUIN 2010

80%

JUIN 2009

66%

PRIX MOYEN DES CHAMBRES

JUIN 2010

167,82$

JUIN 2009

137,81 $

Sources : Association des hôtels du Grand Montréal, Tourisme Montréal